jeudi 31 mars 2011

On ne connaîtra jamais la suite.

- Tu crois que j'ai une vie
Comme tous les autres connards,
Lui dit-il.
Moi, je vais faire quelque chose de grand !"
Il réfléchit un peu.
- Tu m'entends ? Quelque chose de grand !"
Il réfléchit encore un peu
Comme on boit un coup de trop.
- Au moins une chose de grand !"
Et il se jette en avant
Vers la rame hurlante
Qui apparaît soudain,
Hurlante en sifflotant
Comme n'importe quel péquin
Au sortir d'un tunnel.

L'après-midi d'un coureur.

De la promenade des Cygnes, les coureurs
Éliminent les gigots et les tourtes
Qu'ils ont vus en vitrine.
Puis, dans des pots de yaourts,
Ils roulent à cent à l'heure
Vers des Boîtes où donner de l'avoine aux gamines.

There's no place like home.

Les horaires d'arrivée des métros
Affichés sur les quais
Ont leur système bien à eux.
J'ai beau lire des livres,
Le temps ne passe pas.
J'ai beau regarder les gens,
C'est toujours le même temps.
Et puis je pense à toi
Et me voilà
Rentré chez moi.

dimanche 27 mars 2011

Nina Simone.

Ce soir tu
Inventes l'amour
Comme
Nina Simone
Se réappropriait
Des mélodies connues
Usées par les vents
Ou par trop de mauvaises interprétations,
Pour en faire
Quelque chose de personnel
Et de magique
Pour toujours.

David's good fortune.

Il y a deux sortes d'hommes :
Ceux qui aiment les blondes
Et qui finissent avec une blonde.
Ceux qui aiment les blondes
Et qui finissent avec une brune.

vendredi 25 mars 2011

Odéon six heures du soir.

18h en ce vendredi de printemps
Dieu que les filles sont jolies
Je discute avec Zoé Ferdinand
De l'extension de son magasin de vêtements au Japon
Loin de la rue de l'Odéon
Quand de cette rue déboîte droit sur moi
Une brune élancée comme seules le sont les brunes
Et avant de croiser mon regard
Elle chausse une paire de lunettes de soleil
Avant de bifurquer vers la vitrine de Kyrie Eleison
Dans laquelle elle plonge ses carreaux fumés.
Hey, droit sur moi je l'ai vue arriver
Comme chez Duchamp le nu descendant l'escalier
Ou comme si The Vaccines jouaient leur chanson
Under your thumb, juste pour accompagner ce mouvement
Mouvement de cette beauté brune qui fond droit sur moi
Met ses lunettes pour faire écran à mon regard
Déguste mon trouble toute seule
Et va se planter dans la vitrine
Comme une mouche dans le rideau de voile
De l'amour.

Théâtre de L'Athénée.

Michel Fau fait semblant de mourir
Dans un théâtre où Jouvet l'a fait pour de vrai
Sissi en infirmière provoque bien des rires
Et le rire tient toujours les fantômes en respect.

Des abusés.

Les gens qui se comportent salement
Vivent avec leur temps,
Me dit-elle.
Je l'embrasse
Et mes lèvres sèches
Sont comme une éponge à craie
Qui effacerait une vérité innommable
Écrite au tableau
D'une salle de classe déserte.

mardi 22 mars 2011

Salvation.

For a musician
Yesterday it was crap to have a song
In advertising.
Today is salvation.

lundi 21 mars 2011

Adoblescence.

L'exhalaison des Prunus
Dans les jardins des résidences
Était le signe du printemps.

Le cœur parfois criait souffrance
Et la somme de nos instants :
Un camouflet de poupées russes.

Je sais j'en voulais toujours plus
Mais je perdais toujours confiance
En chemin de l'établissement

Scolaire quand je prenais le bus
C'était souvent le cirque Gruss
Pour t'arracher un compliment.

Alors j'attendais les vacances
Ton départ pour Aix-en-Provence
Sous l'ombre rosée des Prunus.

Sur des plages où débilitant
Ton corps à des olibrius
Lentement tu passais le temps.
Sous un beau soleil éclatant
Moi je cumulais les nimbus
En maugréant sur ton silence.

samedi 19 mars 2011

Samedi soir au poisson rouge.

La seule chose réconfortante
Avec le samedi soir
C'est les filles qui ont des gâteaux dans les mains
Bien enveloppés dans de l'aluminium
Où s'en vont-elles ?
Vers une construction de gâteaux
Sur le rebord d'une cuisine
Dans un deux-pièces de République.
Je rêve d'un samedi soir où tout le monde
Se déplacerait dans le métro et dans les rues
Avec un petit poisson rouge.
Même les andouilles, même les crapules.
Même les phénomènes solitaires,
Même les phénomènes de bandes.
Cela ferait des vacances
Au vacarme.

vendredi 18 mars 2011

Le bar de l'aviation.

En rentrant de l'inauguration
Du salon du livre, mon amoureuse et moi
Prenons le boulevard Victor
Et passons devant le bar de l'aviation.

Un endroit qui m'est familier,
Un bar qui à l'heure où j'écris
N'a pas encore changé
De destination.

Mon père connaissait bien ce lieu
Lui qui la majeure partie de sa vie
Fut officiellement :
Personnel navigant.

Jumbo-jet et caravelles.

Est-ce que lorsqu'il tondait le gazon
Dans le jardin de son pavillon des Yvelines
Il se remémorait
Combien avait été excitant et périlleux
D'atterrir aux commandes d'un coucou
Sur la première piste jamais créée
A Tahiti ?
C'est ce que je me demande,
Aujourd'hui.

Tout pour la musique ?

En pleine nuit le voisin d'à côté
A mis sa musique à fond.
Ce matin pour se venger
Le voisin du dessous
A balancé la sauce (genre U2).
J'ai voulu fuir et dans le métro
Deux de ces adolescentes malpolies
Le genre qui pullule aujourd'hui
Ont mis leur musique à fond.
Je devais aller à un concert ce soir :
Au-dessus de mes forces !

Mai dans la saison.

 à Mai Do.


Mai dans son manteau d'hiver
Est une saison à part entière.
Ses cheveux coupés au carré lui vont bien
Et font de sa nuque un chemin.
Si je devais voir le monde à partir d'elle,
Je dirais que sa cousine, assise près de moi,
Est comme un pays lointain
Et familier à la fois.
Frédéric me dit :
"Je viens d'apprendre un truc incroyable :
Le vrai prénom de Mai !
Tu le connais ?"
Oui.
Elle a plus d'un tour dans son sac
Pour les bouleverser tous
Mais perd son Blackberry
Sans en faire tout un plat
Dans la rainure d'un canapé
Ou dans la poche de quelqu'un
Qui essaiera de l'appeler
Plus tard, dans la soirée.
Bien sûr, elle ne répondra pas.

mardi 15 mars 2011

A la merci des vents.

à la mémoire du fantôme fringant (et triste ces jours-ci) de Richard Brautigan.

Les particules radioactives
Et les valeurs boursières
A la merci des vents,
Comme Ulysse au retour de Troie.

Une tragédie grecque à laquelle Homère
A quand même trouvé
Un happy end.

Mon cœur et mes soucis font route aujourd'hui
Vers le pays du Soleil-Levant.

lundi 14 mars 2011

Le rêveur sans contrées.

Je devrais prendre un rendez-vous
Avec mon emploi du temps
Mais je ne fais rien
Et d'autres me passent devant
Pour atterrir
Dans des endroits où je n'irais même pas en rêve
Ou bien pour finir
Dans les mêmes lieux que moi.
Alors ?

samedi 12 mars 2011

Balthus.

Elle pleure devant les images en provenance
Du Japon.
Je ne sais pas comment consoler sa peine
Alors je lui prépare un bol d'Original Alpen
Swiss Style Muesli.

vendredi 11 mars 2011

8,9.

Stéphane m'appelle pour me dire qu'il vient de terminer
Le chemin de fer du Bordel Japon.
Quelques minutes après je vois aux actualités
Que tout déraille.
La violence des hautes vagues qu'on ne peut juguler
Et qui emporte tout dans ses moindres détails.
Japon que j'aime tant.
Et c'est comme si l'effroi,
Le tracas de l'instant,
Venaient de donner à Pierre Barouh
Ses cheveux blancs.

Pour une seule nuit.

Tu avances mieux que quiconque en territoire accidenté
La folie de ton corps et le feu qui me ronge
N'ont pas trouvé de branche encore où s'agripper
La bouche blessée du crépuscule se clôt sur un mensonge.

mercredi 9 mars 2011

15h28.

Blouson camouflage
Pour motif et collants noirs
Longue chevelure blonde,
Elle traverse le passage clouté
Face à la terrasse du Rouquet,
Belle sans même m'apercevoir
Et puis voilà, dès que c'est fait,
Elle réajuste son blouson sur sa chemise ouverte.
Encore une qui s'est fait pincer par la saison.
L'hiver n'est pas encore à mettre
Aux oubliettes.
Et le vent préside
A la sépulture fragile
D'un instant merveilleux.

Merci d'être Vénus.

Le fantôme de Robert Malaval
S'est retrouvé sur une tunique
Portée par une femme unique
Dans la collection de Jean-Charles.

Une brune se prénommant Lola
Coupe Louise Brooks et jolies cannes
A discuté avec Stéphane
Un rang juste au-dessus de moi.

Des mains portées comme des bijoux
Couvrant les seins, couvrant les nuques
Qu'un Salvador Dali reluque
Un dalmatien sur les genoux.

Puis, suite à ce grand rendez-vous,
Du défilé Castelbajac
Je m'en fus mirer les Cranach
Au Luxembourg, et tout d'un coup,
Devant leur nudité intacte
L'envie de dire : Habillez-vous !

lundi 7 mars 2011

Kamikaze of happiness.

Je n'ai jamais vu
Une japonaise pleurer
A Paris.
Peut-être sont-elles plus heureuses,
Ici.

samedi 5 mars 2011

vendredi 4 mars 2011

Trop froid pour fondre au beau soleil de mars.

La petite dinde high-tech
De la rue de Passy
N'est pas un hologramme.
Tant pis pour celui qui l'aime
D'un réel amour.

jeudi 3 mars 2011

Entrée au musée national.

Fragilité de l'âme, forces de la nature,
Il en a peint des rousses, Jean-Jacques Henner !
Des nus qui piquent un fard !
Mais n'avait pas prévu, près d'un siècle plus tard,
Que l'hyper grain de beauté d'Alexandra Geyser
Affolerait ses peintures.

mardi 1 mars 2011

Play it again, Sam.

Djaïsan dit que Lee Perry,
L'auteur de Black board jungle,
Est un vrai jamaïcain
Il a inventé le reggae et coïnventé le dub,
Il a arrêté de fumer pendant que George Clinton
Inventait le funk,
Et Frédéric a entendu Henri Salvador dire
Qu'il avait lui-même inventé la bossa-nova.
Après ça, on ne sait plus quoi inventer !
Alors on s'en va
En répétition.