vendredi 9 septembre 2011

Encore une preuve de la supériorité de l'homme sur la machine.

Hey, c'est encore une histoire de jambes
Et celles-ci dépassent
Du rideau tiré
D'une cabine de photomaton
Dans un supermarché.
J'aperçois seulement
Un bras fin qui ajuste le tabouret
Et des jambes superbes
Qui s'émancipent
D'une jupe courte.
De là où je suis
J'ai une bien meilleure vue
Que la froideur clinique
Du photomaton.
Encore une preuve
De la supériorité de l'homme
Sur la machine.

Parfois l'amour.

Parfois l'amour
Est juste un cimetière d'échelles
Ou, si un cimetière te paraît trop dur,
Une confusion.
Une confusion d'échelles
De toutes tailles et de toutes sortes.
- Il n'y avait rien à atteindre,
N'est-ce pas ?"

De cet isolement son royaume.

Il y a une fille
Qui sur les photos que l'on prend d'elle
Semble isolée
Et il semble qu'elle ait fait
De cet isolement
Son royaume.
Alors on voudrait
Se blottir contre elle
Même contre le mur d'un hangar abandonné
Même dans la fausseté de l'image
Même dans une foule d'étudiants sans-gênes
N'importe où en fait
Du moment que ce soit :
Son éternité à elle
Sans interruption
Dans l'instant.

Les professionnelles.

Des femmes aux longues jambes
Déjeunent de crustacés
A La plage parisienne.
Elles travaillent à la télé
Ce sont des professionnelles
De l'aquarium.
Elles se nourrissent
De ce qu'elles croient
Que le plus grand nombre possible
Veuille vivre.
Et comme le plus grand nombre possible
Souhaite vivre
Elles font peu de cas
Des crustacés
Qu'elles décortiquent
En parlant de leur vie sentimentale
Comme des collégiennes
Professionnelles.

Amours exemplaires.

Il y a des livres
Que j'ai achetés
Une dizaine, une quinzaine de fois
Des prises de livres suscités par mon élan
Comme des princesses à délivrer
Dans les tours anonymes des rayonnages des librairies
Et qui se retrouvent Dieu sait où maintenant
Chez Dieu sait qui
Ou plutôt
Chez qui Dieu sait est devenu quoi.

jeudi 1 septembre 2011

vendredi 26 août 2011

Armageddon de poche.

La méchanceté des gens
Quand ils n'ont pas ce qu'ils veulent
Mériterait parfois
Une bonne baffe dans la gueule.

L'irréductible solitude.

Personne
Ne cherche autant à fuir
L'irréductible solitude
Qu'une fille qui se croit
Jolie.
- Normal, répond-t-elle,
Je ne supporte pas le gâchis !"

Un jour il faudra bien démonter l'illusion de ce monde.

Le jour où l'idée de Dieu se fera la malle
Au-dessus de Paris
Elle désassemblera la tour Eiffel
Comme on enlève le capuchon d'un stylo,
Aussi simplement que vient de le faire
Avec sa réplique en toc
Ce vendeur sénégalais
Sous la station Bir-Hakeim
Confronté à une énième
Patrouille de police.

La fille remarquable.

- Je venais de sortir d'une séance d'UV,
Je m'étais maquillée,
Et il n'a rien remarqué !"
Dit-elle à son amie
Avec un dépit terrible,
Dévastateur,
Comme si le dernier cyclone en date fumait une clope au coin de la rue,
En lui tournant le dos.

Chanson française.

Les disques étaient
Dans mon adolescence
Une façon d'accéder à la poésie
Quand les livres rebutaient.
Il n'y a plus moyen aujourd'hui,
N'est-ce pas ?
Tout est foutu ?

mercredi 24 août 2011

Le dernier avion.

J'aimerais beaucoup faire
Fonctionner de nouveau
La caméra super 8 de mon père
Et connaître le nom
Du dernier avion qu'il a piloté.
Pourtant s'il devait revenir sur terre,
Je ne lui poserais pas de questions sur son passé,
Je l'installerais devant un match de foot à la télé
Et lirais un vieux livre ou rêvasserais à je ne sais qui
Dans la pièce d'à côté,
Et quand je l'entendrais exploser de joie
Parce que son équipe vient de marquer,
Je le rejoindrais
Dans la pièce d'à côté
Et partagerais sa joie
Regardant avec lui le replay de l'action.
C'est comme ça d'ailleurs qu'il faudrait
Pouvoir
Regarder son passé.

mardi 23 août 2011

Ses bottes en python.

Ses bottes en python
Dépitaient les piétons.
Chemise frottant tétons,
Paradis de coton,
Son cœur pilait glaçons.
Elle tourna les talons
Dépiautant un bonbon
A la menthe
Entre ses doigts...
FIN.

La mélancolie de la nuit.

Même dans un quartier infesté
De putains, de misère,
D'histoires tristes et de types louches,
On trouve une rue paisible,
Un bac de fleurs à une fenêtre.
Il n'y a qu'à bien chercher
Ou, c'est la même chose,
Se perdre.

samedi 20 août 2011

Une adolescence à l'américaine.

Si tu y avais mis du tien
j'aurais pu vivre
Une adolescence américaine.
Si les pentes de jardins avaient dévalé jusque dans le living
Si nous avions atteint la lune au lieu de nous détourner l'un de l'autre
Et si Mark Twain avait invité Marcel Proust à chasser le daim
Si tu avais été outrée pour un oui ou pour un non
Et si tu avais eu un casier pour ranger tes affaires dans le hall du lycée
Un casier qui m'aurait servi de boîte aux lettres bien sûr
Si tu t'étais laissée embrasser le seul jour de ma vie où j'ai été sportif
Si notre naïveté avait eu du bon sens
Si les routes avaient été plus larges et l'horizon lointain
Et si j'avais laissé des plumes sur la banquette arrière
Si tu avais fini le pot d'ice-cream au lieu de le remettre au frais.
En même temps, si tu avais fini le pot d'ice-cream,
C'est toi peut-être
Qui aurait eu
Une adolescence à l'américaine.

vendredi 19 août 2011

Portrait en feu.

Braises ses chevilles,
Bâtons ses jambes
Flammes ardentes son cœur
Étincelles dans ses yeux
Été suffocant malgré sa robe légère.

jeudi 18 août 2011

7 milliards.

"Nous serons bientôt sept milliards sur terre,
Me dit-elle.
- Oh, réponds-je, du moment qu'il y en a un
Pour relever le niveau."

The idiot.

J'éprouvais toujours une peine immense
Pour les personnes qui m'offraient
Un cadeau d'anniversaire
Qui ne me plaisait pas.
Et surtout si elles ne s'en rendaient pas du tout compte.
A sept ans tu vois,
J'étais déjà mûr
Pour Dostoïevski.

Illusion.

Je me mets à ma table de travail
Quand je me dis que ça fait longtemps
Que je ne suis pas tombé sur un livre qui me plaît.
Un livre que j'aurais envie de trimballer
Tout le temps avec moi,
Comme une rampe à laquelle s'accrocher.
Comme une lampe à laquelle s'éclairer. 

jeudi 28 juillet 2011

OUI LES HOME BAKED POEMS SOUFFRENT DU TRAVAIL SUR MON PROCHAIN ROMAN QUI ME TIENT CAPTIF MAIS ILS PENSENT REVENIR DE MANIÈRE RÉGULIÈRE DÉBUT AOUT. MERCI DE VOTRE HAUTE FIDÉLITÉ.

vendredi 8 juillet 2011

Le rêve de cette nuit.

Nous cavalons ensemble
Dans ce rêve solitaire
Hors des timidités d'usage
Quand nous nous rencontrons
En de rares circonstances.

L'équation du Shopi.

Où que j'aille tous les Shopi
Sont remplacés par des Carrefour Market.
Et toi qui n'en fais qu'à ta tête
M'as-tu remplacé dans ta vie ?

Sa journée comme la rivière.

Sa journée est comme la rivière
Qui passe sur les cailloux anguleux
Et qui finit par les polir
Par les rendre inoffensifs
Les nuits où elle regarde en arrière.
Elle peut enfin souffler
Et considérer le passé
Comme des épreuves isolées et franchies.
Mais son cœur s'agite toujours comme la rivière
Et le répit n'est pas vraiment un repos.

Ensemble est un voyage.

Les photos de Linda McCartney
Dépassent l'intimité, la tribu.
Elles disent le plus simplement du monde
Qu'ensemble est un voyage.

Courses du jour d'une jolie fille dans la file du Monoprix de Saint-Germain-en-Laye.

Coton à démaquiller
Lait hydratant pour le corps
Bouteille de limonade
2 avocats
Fondants au chocolat Gü
Mousse au chocolat.

samedi 2 juillet 2011

Georgina.

Ce soir j'ai regardé le concert de Seasick Steve
En direct du Roundhouse
C'était vraiment un concert extra
Et il y avait cette fille qui jouait du violon,
Georgina.
Et Steve avait le chic
Pour ne pas la présenter tout de suite
Mais il commençait sa chanson
Par une suite prodigieuse d'accords
Une sorte de petite introduction
Et tout d'un coup la jolie Georgina se glissait sur la scène
Comme un chat
Et Steve en profitait pour dire :
- Je vous demande d'applaudir Georgina qui vient jouer pour nous ce soir".
Il a fait le coup deux fois
Et ça m'a fait penser à mon père
Qui adorait les films américains
Parce qu'il y avait toujours un temps avant que ne commence le générique
Comme une jolie suite d'accords au départ toute nue.
Et puis ensuite le générique, deux ou trois bonnes minutes après.
Mon père me racontait ça,
Et ça se vérifiait toujours
Quand nous regardions la télé ou allions au cinéma ensemble.
Il y a bien longtemps de cela.

vendredi 1 juillet 2011

Ouais.

Il y avait une jolie fille
Qui portait des lunettes de vue
Pour voir sans doute à quel point
Elle était jolie
Au cas où elle croiserait un miroir...
Elle était pendue au téléphone
Cette corde au bout de laquelle on n'est jamais seul,
Et elle n'arrêtait pas de dire :
"Ouais."
C'est tout ce qui sortait de sa bouche
Dans le haut-parleur du téléphone :
"Ouais."
Et à côté d'elle,
Il y avait un type plutôt mignon
Le genre beau gosse qui n'a pas besoin de lunettes pour s'en rendre compte
Et lui il n'arrêtait pas de sortir des crottes de son nez
A l'aide de son index et de son petit doigt.
Il faisait son business
Au rythme des "ouais" de la fille assise à côté de lui.
Ces deux-là étaient vraiment faits pour faire un bout de chemin ensemble
Si vous pensez comme moi
Que tout est une question de rythme.

Outside door.

Mon enfance ?
Suffisamment de sérénité
Pour m'adonner au désespoir
De n'être pas le préféré
D'une petite voisine
Au choix.

Avantages de la douceur.

Ta douceur empêche de prendre
Trop d'importance dans la vie des gens
Quand la plupart ont tendance
A ne se souvenir que de ceux
Qui se sont comportés salement
A leur égard.

L'invisible safari.

Dans le centre de Paris
De jeunes touristes hautes et blondes
Alertent les gyrophares.
C'est comme si dans cet invisible safari
Les girafes sortaient tout droit
De l'autocar.

lundi 27 juin 2011

Tsvetana Pironkova.

Le soleil aujourd'hui frappe fort et inquiète
Paris, qui sous la chaleur se débat
Comme Vénus sous les coups de raquette
De la fine et superbe Tsvetana
Rêve et ne se relèvera pas.

vendredi 24 juin 2011

Rue de Rennes.

Aux premiers jours des soldes
Les filles de la rue de Rennes
Ne font qu'essayer, essayer, essayer...
Normal qu'elles paraissent ensuite
Un peu hésitantes
Pour les affaires courantes.

Pensée.

Quand quelqu'un m'assaille de sa jalousie
Je file sur la pointe des pieds
Laissant celui qui dit oui
A ma place.

La quinte de toux.

Au moment où tu as eu
Ta quinte de toux
Dans ce cinéma d'art et d'essai
De l'avenue Mac-Mahon,
Les acteurs à l'écran
Ont stoppé leur jeu
Et t'ont accompagnée du regard
Attendant que tu reviennes
Pour poursuivre leur scène.
Voilà une belle démonstration
De ce qu'on appelle
La classe hollywoodienne.

William Eggleston.

Même si dans son regard
Explose
La solitude en friche
Devant un livre de photos
De William Eggleston
Je me dis que j'aimerais vivre aux États-Unis
Plus tard
Ou un jour
De mon passé sur terre.

Le pont des Arts.

Un boulevard de cadenas
Sur le pont des Arts
Là où nous nous sommes embrassés
Pour la première fois
Tant d'inconscients y ont scellé
Leurs fugitives amours
Tandis que nous avons fait ça
Très librement je crois.

vendredi 17 juin 2011

La prudence.

Il y a cette fille
En face de moi
Qui vient d'éternuer.
Et j'ai très envie de lui dire :
"A vos souhaits !"
Mais en même temps j'ai la trouille
Parce que ce sont ses souhaits à elle
Et elle pourrait très bien me répondre :
"De quoi je me mêle ?"

Deux 17h30 de mon existence.

17h30 j'aimais bien
Sortir d'un rendez-vous chez le dentiste
Même avec son horrible pâte à fraise
Qui prenait l'empreinte de ma mâchoire
En vue de la pose d'un appareil dentaire.
J'aimais bien parce que après
Mon père m'emmenait toujours
Choisir une bd de "Strange" ou de "Spidey"
Chez le marchand de journaux.
Et j'aimais rentrer à la maison
En commençant un peu la bd dans la voiture.
Pourquoi est-ce que je repense à ça, aujourd'hui,
En croisant de jolies femmes qui sortent du bureau
Avenue Kléber ?
Parce qu'il est aussi bien, aujourd'hui comme hier,
17h30.

Mikuniya Zengoro.

La pluie se fait attendre
Mais elle arrive enfin
Au moment où je vais chercher le colis
Que m'a envoyé du Japon
Mon amie Sanae
Et qui contient du thé
De chez Mikuniya Zengoro.
Alors c'est comme si
La pluie arrivait de très loin
Et avec amitié
Au-delà des montagnes
Par le Japan airmail.

La matière première de son image.

Il y avait une fille blonde qui est entrée dans la rame de métro
Pas une beauté parfaite
Mais de celles dont l'imperfection fait le voeu d'un strapontin pour soi.
C'est comme ça qu'il voyait les choses,
Le type assis à quelques mètres d'elle
Qui n'arrêtait pas de lui jeter des coups d'oeil
A s'en décrocher la tête.
Sauf qu'il avait des écouteurs filaires
Qui lui pendaient de part et d'autre des oreilles,
Alors ce n'était même pas pour la musique de cette fille,
Il se foutait bien qu'elle respire
Il s'intéressait juste à la matière première de son image
La part la plus flagrante
Comme une mouche abrutie se colle
A l'écran d'une vitre.

Société de gisants.

Il y a de plus en plus de personnes
Qui à toute heure de la journée
Dorment
Sur les marches d'une église,
Devant les portes vitrées des théâtres,
Dans le renfoncement des halls d'immeubles,
Dans Paris qui devient
Une société de gisants.
Et peut-être qu'un jour
Moi aussi je viendrai
M'endormir devant ta porte
Et même devant ton théâtre
Même devant ton église
Plus ou moins
Spontanément.

vendredi 10 juin 2011

Prêtre chanteur ou pas, un groupe de musique ça ne dure jamais bien longtemps.

Encore tout frais tout émoulu, tout juste au séminaire,
Il l'a voulu et il l'a fait : chanter avec ses frères.
Mais c'est omettre la règle qui vaut pour tout chanteur :
Y a toujours une groupie qui a la tête de l'âme sœur !

Rue Rochechouart.

Un jeune type se lève
De la couchette pouilleuse où il végète toute la journée
Pour se rendre à l'épicerie encore ouverte
Et sur le trajet
Il balance une cannette de bière
A la tête d'un quidam qui promène son chien
Assorti d'une menace haineuse :
"La prochaine fois que tu laisses ton chien me pisser dessus
Je te démonte la tête, sale tantouze."
Le type au chien remonte la rue Rochechouart
Comme s'il n'était pas la victime de ces insultes.
Il ne se laisse pas démonter, pour le coup.
Mais moi qui arrive face à lui, je vois bien à son visage
Qu'il est décomposé.
La haine chez l'un, la stupeur chez l'autre :
Deux directions intérieures
Pour leur rencontre.

Un instantané de 1998.

Je me souviens en 1998
Quand Marine se levait avant moi.
Avant de partir travailler.
Elle venait prendre son petit déjeuner au lit
Et je terminais ma nuit
Le visage collé à ses jambes nues.

mardi 7 juin 2011

Hot cocoa.

Il y a les travaux qui n'en finissent jamais
Les miens, intérieurs,
Et ceux tonitruants de cet immeuble
Qui font trembler les murs.
Il y a la fraîcheur du vent qui serpente en juin
Et l'inquiétude à évoquer
Les années à venir.
Alors d'où vient
Cette odeur de chocolat chaud
Quand j'ouvre la fenêtre ?

En lisant un article sur Peggy Harris.

Le fantôme de Billie
N'est pas venu
Durant tout ce temps
Pour lui dire :
- Ne pleure pas
Et remets à la prochaine vie
Cet espoir fou
De vieillir ensemble
Dans ce monde dingue.
Au prochain tour je te promets
De ne pas te laisser seule,
Une seule seconde.
Tes baisers je préfère
A la mitraille lugubre
Dans le ciel de Colleville.

La fille au yoyo.

Le mauvais temps
Joue au yoyo
Avec la chaleur accablante
Tant est que l'on prend froid
Comme en tenaille
Entre les bras
D'une fille légère.

Hopper.

Si Edward Hopper
Était encore de ce monde
Il aurait peint
Ce couple triste
Patientant devant
Le Domino's Pizza
De la rue
Hippolyte Lebas.

jeudi 2 juin 2011

Chose à dire au prochain poète qui aurait la bête idée de mettre fin à ses jours.

On retrouve souvent les gens morts
Avec près d'eux
Un revolver
Plutôt qu'une escalope de veau.
Comme quoi la vie
N'est pas si absurde que ça.

Prenez plutôt l'escalier.

Il y a des chanteurs
Qui ont si peur de tomber
Au troisième sous-sol des hit-parades
Qu'ils ne seront jamais prêts
A renvoyer l'ascenseur.

Est-ce qu'il vous reste une chambre ?

Échange deux-trois mots banals
Avec une jolie fille
Et l'hôtel borgne de la journée
Donne sur un arc-en-ciel.

L'île des amours véritables.

Sur le quai d'une station de métro
Au milieu d'une conversation
Une fille dit à une autre :
"Il s'est passé tellement de choses sur ton canapé",
Et soudain la fille à qui appartient le canapé est prise d'une tristesse
Incommensurable
De celles qui ne pourront pas passer 
Même dans l'ouverture pourtant vaste d'une rame de métro.
Elle pense à toutes les choses qui se sont passées sur son canapé
Et se demande si ça saute aux yeux
Quand on entre dans son salon
Que son canapé c'est vraiment le genre de barque pourrie
Où on peut embarquer des tas de gens
Mais qui prend l'eau avant qu'on atteigne 
L'île des amours véritables. 

vendredi 27 mai 2011

Erroll Garner en Jamaïque.

J'ai connu un type absolument fascinant
Qui travaillait dans la musique
Ou plutôt dans un studio de répétitions
A l'accueil
Il écoutait de la musique reggae sans discontinuer
Dans une odeur de mégots froids
Entassés pêle-mèle dans des petits cendriers - vite débordés.
Il était peu loquace.
Il passait la journée à pianoter sur son ordinateur
Tel l'Erroll Garner de l'administratif
Sauf que son truc à lui c'était : la Jamaïque.
Et quand le soir il rentrait chez lui
Il y avait encore une odeur de mégots froids
Et la première chose qu'il faisait c'était de mettre un disque de reggae
Et il n'y avait pas grand monde à qui parler
Alors il s'installait derrière son ordinateur personnel
Et il se remettait à taper le clavier comme Erroll Garner.
Sûr qu'il avait trouvé un job en or !

jeudi 26 mai 2011

Arantxa !

Dans une balle de tennis toute la peinture hollandaise ?
Elle fond sur les balles fauves, Arantxa Rus.
Comme une danseuse sur un trapèze
Materait les lions du cirque Gruss.

Discothèque.

Des corps qui dansent
Célèbres aucun
Ou tous ensemble
Espérant joindre
L'étourdissement
Au passage de journées sans écluses.

Argenteuil dans les seventies.

A la piscine olympique d'Argenteuil,
Je n'aimais pas du tout devoir
Sauter des plongeoirs les plus hauts.
Les autres écoliers étaient toujours plus téméraires que moi.
Et quand il a fallu, un jour, plonger dans l'âge adulte,
J'ai continué à les trouver tous bien imprudents.

Solitude.

Toi tu sais
Qu'il faut toujours déplacer un orchestre de choses
Pour chanter d'une même voix
La solitude.

mercredi 25 mai 2011

La littérature contemporaine au secours d'une paire de chaussures ?

Je porte en ce moment des chaussures délabrées
Je les aime bien pourtant
Mais elles sont craquées de partout
Et je sais bien que je devrais en acheter de nouvelles
Mais je préfère toujours m’acheter des livres,
C’est vraiment usant ce genre de mentalité
Et puis mon amoureuse me dit :
« Les converses ça ne dure jamais bien longtemps »
Formidable, me dis-je, c’est pour cette raison
Que je préfère acheter des livres. 
La prochaine fois que je tombe sur un livre
Qui ne dure pas très longtemps
J’achète des chaussures !
Ce matin-là, j’entrais dans une librairie….

Jen B.

Dans le palais délabré flambant neuf d’une salle de concert
Tel un mystère qui s’éclaircit,
Elle personnifie La vérité comme une vraie guerrière,
Superbe puissance nuit. 
Un jeune homme pâle caché derrière les cris
De fans, espère en secret,  
La quitte à regret, croit la fuir,
Mais impossible c’est encore elle qu’il retrouve
A la radio, dans un taxi, 
Chantant L’envers du paradis

La guerre sans merci des compagnies de téléphone devant Alésia.

Le type de noos
A sectionné un câble
Et j’attends des plombes 
Qu’orange vienne le réparer
Dans l’attente je ne peux pas répondre
Au courrier qui s’empile 
Comme des légions de romains devant Alésia
Alors je repense au temps 
Vieux comme Hérode
Où il n’y avait pas d’urgence 
Dans les rapports humains
Et où prendre son mal en patience
Était un bien. 

Mickey parade.

Dans le Mickey Parade mensuel numéro 3
Celui qui a coûté six francs à mes parents
Aux alentours du 3 mars 1980
Six francs soit à l’époque 49 francs belges, trois francs suisses,
Et 1 $ 25 au Canada
Et dont le titre est « Picsou chercher la bagarre »
Deux pages sur quatre sont en couleur,
Les deux autres en noir et blanc,
Ainsi de suite tout au long de l’histoire.
Quasiment ce qui se passe avec mes journées
Plus de trente années plus tard
Qui équivalent aussi à trente années en Belgique
En Suisse et au Canada,
J’ai l’impression qu’il y a des journées en noir et blanc
Et d’autres en couleurs
Sans que j’y trouve ni raison valable
Ni solution adéquate.
Mais là où ça diffère d’un Mickey Parade
C’est qu’on ne sait jamais avec précision
Sur quelles pages on va tomber.

Rock'n roll girl.

Une chanteuse de rock’n roll
Est une fille qui a
Une penderie de mots
Auxquels elle s’accroche
Désespérément
Et crânement à la fois
Comme les vêtements
D’une saison.

mardi 17 mai 2011

Comme Belmondo.

Si te dire des mots d'amour
Etaient des cascades
Qui ne tiennent même pas à un fil,
Je continuerais
A les exécuter moi-même,
Comme Belmondo.

Question de demi-point.

La lycéenne a descendu les marches du métro en compagnie
De cet homme plus âgé qui devait être
Son professeur.
Histoire de profiter jusqu'au dernier moment de sa présence.
Elle lui a souhaité une bonne journée et a remonté les marches
Une à une
Sa jupe découvrant des jambes nues pas vraiment fines mais
Plutôt appétissantes.
Le type plus âgé qu'elle qui devait être
Son professeur,
Loin de se rendre sur le quai,
S'est retourné calmement
Pour suivre du regard ces deux jambes qui gravissaient les marches
De manière tout à fait aérienne et charnelle à la fois
Pour remonter à la surface
A l'assaut de ce monde imparfait.
Il paraissait très ému de ce spectacle,
Le calme sourire de l'amateur comblé,
Et en même temps semblait réfléchir
Comme s'il était question d'ajouter ou non un demi point
A la copie qu'il lui rendrait demain.

Jungle.

De nos jours, c'est à celui qui ouvre sa gueule le premier.
Les lions, leurs couronnes pantelantes entre les dents,
Sont venus les remettre à ceux qui se tiennent dans l'ombre.
Ainsi les timides sont devenus
Les véritables rois de la jungle.

jeudi 12 mai 2011

Visions pour l'équipage d'une page blanche.

Ce qu'est la ligne claire l'image ne la rend pas d'ailleurs il faut mordre sans cesse les bords de la vie pour être propulsé vers l'essentiel. Les hautes jambes des figurines de Cranach qu'un éternuement ne fait pas disparaître, elles posent comme des élégantes pour une éternité qui ne l'est pas. Le malentendu par lequel on vous érige une statue est une vocation pour l'entourage, un accomplissement pour le boucher du coin, un fardeau pour la bien aimée. Les oeuvres d'aujourd'hui ont le goût élastique du chiqué. On trompe le gouffre insistant de la journée en dépensant le peu d'argent qu'on obtient. On repart à zéro tout le temps. Le public est toujours plus indulgent parce qu'il n'a pas peur dans le noir. Cette couronne éphémère se déchire avant que je n'ai pu la soulever. Donne-moi un temps tranquille où tes visites seraient ma ligne claire. Ce n'était qu'un jeu, encore.

mercredi 11 mai 2011

La musique, l'autre pays du fromage.

J'aime bien Lady Gaga
Mais il faut reconnaître
Qu'elle est à Madonna
Ce que le Babybel
Est au Gouda.

mardi 10 mai 2011

Pourquoi suis-je plutôt casanier ?

A cause de la fille de la publicité
Qui passait quand j'étais enfant
Elle était belle dans sa baignoire
Qui cachait son corps nu
Merveille du soupçon dans l'amour
Aussi efficace qu'une explosion atomique !
Camay était son produit de beauté
Son type s'approchait d'elle et lui demandait :
- Et si on sortait ?
Elle répondait : Et si on restait ?
En faisant des petites vaguelettes dans la mousse de son bain.
Quel crétin aurait voulu sortir après ça ?!
Si tous les types qui sortent avaient à la maison
Une femme dont Camay est le produit de beauté
Il n'y aurait pas grand monde à rencontrer le soir à Paris. 
Ce qui est le cas d'ailleurs, la plupart du temps,
Dans ce royaume de la nuit en mousse de savon.

Tänzerin.

Je me souviens de cette jeune allemande
Qui était venue me voir après un concert
Où j'avais chanté une chanson qui parlait
De la chambre froide de l'oubli.
Elle m'avait dit, au bord des larmes :
- C'est exactement ce que je ressens"
Et il y avait des petits trémas dans ses yeux
Exactement comme dans le mot :
Tänzerin.

samedi 7 mai 2011

Cours de philo niveau première année.

Vous avez tout pour être heureux
Et puis une fille apparaît dans votre champ de vision
Et puis disparait de votre champ de vision
Et vous en savez plus sur la tristesse que quiconque.

vendredi 6 mai 2011

The morning song.

Beauté divine
Brune élancée
Que j'ai vue, place
De l'Opéra
En allant a-
cheter des muffins
A la banane
Chez Aki, bou-
langerie nippone,
Rue Sainte-Anne.

jeudi 5 mai 2011

Coincée.

Le jour où tu expulses
La pierre que tu as dans le cœur
Je ne bâtis pas une église
Avec.

mercredi 4 mai 2011

Salon du livre et du vin.

 à Corinne et Jean-Maurice.

Saumur est pour les livres une fête sans rival
Par plaisir je reviens, et mes souvenirs s'installent,
On y fait des rencontres autour d'un verre de vin,
Normal que certains livres partent comme des petits pains.
Chez Bouvet-Ladubay
Les jolies filles des bords de Loire font escale
Elles peuvent boire avec moi et trinquer à Stendhal !
On voudrait
Vivre ici, ne jamais voir la fin
De cette journée magique d'une année d'écrivain.

mardi 3 mai 2011

Dans ces temps incertains, vous reprendrez bien une part de wedding cake.

On trouve toujours des chauves ou presque au volant de décapotables
Avec une belle pépée vissée à leur siège.
Mais tous n'ont pas le charme de ce prince adorable
A bord de son Aston Martin vintage.

lundi 2 mai 2011

Préposé à l'entretien d'une piscine vide.

Zut, dit le combattant, j'en aurais bien fait une sorte de mythe
Pensant qu'il vivait dans les montagnes en ermite.
Mais maintenant que je sais qu'il se la coulait douce dans une villa
J'ai bien envie de prendre un peu de temps pour moi.

samedi 30 avril 2011

Schopenhauer & cats.

Je me rends à l'ambassade de Roumanie
Non pas que j'y dépose les armes
Mais j'y vais à pied quoi,
Passant dessous le pont de Bir-Hakeim
Où une jolie japonaise en bottes de caoutchouc noir
Photographie un mariage coréen.
Je vais assister à une célébration du centenaire de la naissance
De Cioran.
Je lui apporte mon désespoir et mon humour
Comme cadeau d'anniversaire.
Je me souviens qu'en 1993 j'avais eu une conversation
Avec mon ami Jean-Luc qui m'avait agacé
La conversation et lui
A propos de Cioran.
Il avait l'air de jeter sa lecture par-dessus son épaule
Comme on trinque à la russe.
"Tu comprends, soutenait Jean-Luc,
C'est un type qui écrit pour les adolescents !
- Moi d'abord, lui avais-je répondu, je n'aime que les types qui écrivent pour des adolescents !"
Et c'était vrai d'ailleurs : Salinger, Fitzgerald...
(Bon, ok, ok, je n'aimais pas beaucoup de monde)
Et puis Jean-Luc m'avait raconté une histoire,
Il avait connu une fille,
Une superbe fille,
Dont Cioran se serait amouraché dans les dernières années de sa vie,
Et la fille lui en faisait voir des vertes et des pas mûres,
Comme ce qu'est parfois la philosophie,
Elle partait en vacances par exemple au ski ou sur la Côte d'Azur,
Et elle ne lui écrivait aucune lettre,
Même pas le moindre aphorisme qui est un style d'écriture vraiment bien pour les cartes postales,
Nada !
En revanche, elle lui laissait son chat à garder !
Et lui, Cioran, de dépit, il martyrisait le pauvre chat.
Le récit de Jean-Luc ne dit pas comment.
Peut-être en lui montrant des photos de Schopenhauer,
Ce genre de matous-là !

vendredi 29 avril 2011

Le protocole du hasard.

Le prince William a l'air d'un type épatant
Et Kate Middleton a vraiment la touche d'une princesse
Mais toutes les filles devraient avoir la touche d'une princesse
Quand elles rencontrent leur prince charmant.

Un baiser console toujours.

Un attentat aveugle et meurtrier au Maroc,
Les noyés d'un ferry renversé sur le Nil,
Cette famille à Nantes entièrement trucidée,
Des tornades laissant la mort et la désolation sur leur passage
Dans le sud des États-Unis,
Mais à 14h 25,
Heure française,
Ne manquez surtout pas
Le baiser échangé
Au balcon de Buckimgham Palace !

Caligula pour les insectes.

J'ai habité trois quatre ans rue du Regard
Face à la tour Montparnasse pratiquement
Dans le Haut-Empire de mes vingt ans.
J'étais toujours amoureux de filles
Foutues comme des lucioles réversibles et sans grande imagination
Qui se contentaient d'être là
Entre quatre heures de cours à la fac, pas davantage par journée.
Un taux de romantisme insupportable pour tout autre garçon de mon âge
M'empêchait d'être cynique,
Et même si je rentrais souvent seul, le soir, par la rue du Cherche-Midi.
J'étais un gentil garçon.
Je n'aurais pas fait de mal à une mouche.
Ou alors s'il était vraiment question d'occire une mouche
J'attendais toujours patiemment de la prendre au piège de la liberté
Comme elle s'était prise au piège du rideau et de la fenêtre.
Je n'arrivais jamais à être une espèce de Caligula
Même pour les insectes.

Le marché de l'art.

Cette fille est une véritable œuvre d'art.
Elle cherche quelqu'un qui la cadre
Avant de se faire accrocher quelque part.

The success story of life.

Life is a scenic railway.
It takes a long time to reach the top
And once achieved
It goes fast and faster.
And you come out with a very strange smile,
Unless having puke on the corners.

jeudi 28 avril 2011

Et maintenant un peu d'exercice !

Exerce-toi à l'absolu
En t'y prenant à l'instant.

Exerce ton désespoir
A faire du sentiment
Dans ta mémoire.

Exerce ton désir
En le démasquant.

Exerce toi à fuir
Fidèle en te restant.

Exècre tous ceux
Qui te tirent vers le bas.

Exerce ton pouvoir
Dans le renoncement.

Exerce ton courage
A devenir le héros
De ta propre histoire.

Marie-France.

Dans les années 70
Toutes les filles de 25 ans
S'appelaient Marie-France.
Elles étaient belles, libres, et indépendantes,
Elles avait toutes un travail entre deux trains de banlieue
Courtes étaient leurs jupes et longue leur espérance de vie,
Même si elles s'envoyaient des clopes par paquets.
Leur sourire était l'horizon à atteindre
Au lance-pierre de leur petite moue désinvolte.
Et bien que certaines d'entre elles eussent été cruelles
- Ou inconscientes du mal fait comme une fleur trop fragile -
L'avenir de leur beauté s'appelait :
Intelligence.

Francis Poulenc.

Le soleil fait couler
De l'après-midi
En toi
Sur la pelouse
Des jardins
Du conservatoire
Francis Poulenc.
Ton rendez-vous
Avec les ténèbres
Attendra.

vendredi 22 avril 2011

L'anniversaire manqué.

à Claire Pilisi.

J'ai oublié que ton anniversaire revenait toutes les années
Et donc je l'ai manqué
Comme un bus scolaire qui ne vient plus te chercher
Pour t'emmener à Notre Dame de Verneuil
Ou au Corbusier.
J'étais dans les nuages et dans la tarte au riz
De monsieur Brousmiche, meilleur pâtissier de Lens,
En Belgique sur la route entre Mons et Ath.
Autrefois : Jean et Jacqueline, et puis le précédent pâtissier,
Jean,  en traversant la route s'est fait écraser.
C'est ce qu'on m'a raconté.
Un désastre humain et pâtissier.
Il faisait les meilleures tartes au riz du Hainaut Occidental,
Monsieur Brousmiche a repris sa recette,
Et lui rend hommage chaque jour,
En se gardant bien de traverser cette maudite route
Et en continuant à faire les meilleures tartes au riz qui soient.
Elles ont la clarté, le fondant et l'onctuosité des nuages
Dans lesquels Jean doit se reposer.
Je t'aurais bien apporté une tarte au riz pour ton anniversaire,
Mais ils n'en font pas en France,
Et le fait qu'il n'y ait plus de frontières n'a même pas profité
A la pâtisserie il me semble.
Juste aux petits escrocs qui font leur business jusqu'aux Pays-Bas,
De jour comme de nuit dans leurs puissantes automobiles,
Comme c'est triste tout ça.
Je suis encore plus triste d'avoir manqué ton anniversaire
J'essaierai de me rattraper, vite,
Plus vite que le temps qui passe
Comme un bus scolaire qui marque les arrêts.
On y revient toujours sans revenir en arrière
C'est le principe inquiet
Des anniversaires.

L'après-midi d'un galion.

Pour échapper au soleil écrasant
Pas de meilleure issue que de suivre
Les jambes hautes et fraîches
D'une fille qui remonte
Sa mini jupe et la rue de Grenelle.
Arrivant à hauteur du magasin de jouets
Au Lotus qui fait l'angle
Avec la rue Amélie,
Je vois dans la vitrine un superbe galion.
Que faire ? En quelles vitrines aborder ?
Le magasin de jouets a raison de mon coeur,
Je plonge vers le galion, cruauté de toutes pièces,
La fille disparait pour toujours.
Un désir qui ne vaut pas un magasin de jouets.

Pensée conviction.

Tant que son travail vaut
Son pesant de cacahuètes,
Il est plus poli de faire le singe
Pour le présenter au public.

lundi 18 avril 2011

Week-end.

Gibecq et son église, la perle du Hainaut,
Aimait dire mon grand-père conduisant son auto
Non loin de la ville d'Ath se trouve le château
De Beloeil
Où Charles-Joseph de Ligne appelé aussi Charlot
- Qui loin d'en être un - jouait les Roméo
Revenant de défaire les Prussiens à Breslau
Régnant sur un empire composé de bons mots
Il aurait bien souffert d'un siècle sans héros
Où la postérité jouxte le lavabo
Pendant que moi je vise le volant le plus haut
Jouant au badminton vraiment comme un manchot
Cherchant pour ma musique un ou plusieurs mécènes
Mais j'ai peur que ce soit un dimanche au galop,
Comme à la porte d'Auteuil,
Où dans la sixième course au moins deux des chevaux
Portent des œillères dites à l'australienne.

vendredi 15 avril 2011

Toi puissance eux.

Ta nuque dégagée
N'entre jamais en collision
Avec tes soupirs.
Le champagne t'aide
A faire des sauts de cabri
Dans la notoriété.
Commettre des larçins
Dans des vitrines de lassitude
Telle une fille de la nuit.

jeudi 14 avril 2011

Evénements mémorables pour peu qu'on s'y arrête.

Dans un blouson de cuir elle tirait sur sa clope, métro Jaurès.
Ne pars pas, ne pars pas, encore un tour, je reste.
Une volute de fumée voyage en première classe.

Perdu dans mes rêveries je n'ai pas reconnu Agnès
Beauté d'un safari fantôme que dans son répertoire
Morgan pourchasse.
Un peu de ville encore.
Le désir prend de court, de court et de vitesse,
Et quant au désespoir
Dans la jungle du temps il déglutit un laps.

Pendant qu'Edi Casabella dérouille un Angel Hell's,
A l'école de batterie
Marjolaine s'ennuie en frappant sur Texas.

mercredi 13 avril 2011

Rouge en écriture.

Veste de velours grenat
Bottines assorties
Blue-jean gris
Une mèche de cheveux (plutôt courts)
Tombe sur son beau visage
Divine lourdeur des joues
- Lourdeur sans conséquence -
Autour des lèvres : moue boudeuse !
Direction Boulogne, midi cinquante trois, elle
Descend comme moi, église d'Auteuil.
Durant tout le trajet elle a rougi
En écrivant des textos.

mardi 12 avril 2011

Le Président - Royal Belleville.

Après des concerts improbables
Nous mangions des mets improbables
Souvent à des heures improbables
Parmi toute une faune improbable.
Ceci est une preuve tangible de mon existence
Dans les nuits de Paris entre 1999 et 2002.

Ce qui s'est dit chambre 468.

Kate Middleton marche avec élégance,
Laurent Gbagbo se rend comme il peut.
Tout ça se passe à un quart d'heure d'intervalle.
Chipotons sur le temps, pas sur les distances.
Stupéfait, Laurent Gbagbo ne peut pas dire aux gens qui l'entourent maintenant :
"Vous vous trompez de personne, je suis Kate Middleton,
Faites-moi passer à la fin du Journal, qu'est-ce que ça peut vous faire, à vous,
De me donner un petit quart d'heure de plus ?
Moi aussi, à l'heure qu'il est, je voudrais être dans la campagne anglaise
A courir les œuvres de charité..."
L'officier des forces républicaines qui l'écoute
Veut bien croire à cette histoire de campagne anglaise,
Quant aux œuvres de charité, faut pas pousser !

samedi 9 avril 2011

Passagers du hasard.

Un bracelet de fausses perles autour du poignet,
Elle s'appuie sur moi
Comme si j'étais de taille à la supporter.
Frêle esquif de sa lassitude à la frontière de mon désir.

Childhood.

La faculté d'observer
En ayant le cœur
Fêlé pour un rien.
Je n'ai jamais quitté l'enfance.

Il n'y a pas de panthère dans les contes de fées.

Encore une minute
Et, au palais de Chaillot,
Si elle reste sur scène
Encore une toute petite minute
Pour elle la tour Eiffel
Se parera de mille diamants.
Je voudrais tant que ça arrive
Mais à une minute près
Elle quitte la scène.
Je suis un peu triste mais me console
En convenant
Qu'il n'y a pas de panthère dans les contes de fées.
Mélody Gardot
A la classe de celles
Qui se foutent cordialement des diamants.

Journées de sans courage.

Ce que je voudrais faire vient me distraire
Se pose sur moi et me dit :
- Ah ah, tu ne me rattraperas pas !"
Puis file vers une promesse
Que je ne rejoindrai peut-être jamais.
J'ai donc bien matière à me désoler
Aujourd'hui.

mardi 5 avril 2011

Jamais au bon moment.

En Côte d'Ivoire on s'attend
A un dénouement imminent
Peut-être même avant la fin de ce Journal,
Dit la journaliste.
Dépêchez-vous, dépêchez-vous,
On ne va quand même pas faire un flash spécial
En plein milieu
Des Experts Manhattan.

Les beaux quartiers.

De grandes tiges élaborées
Viennent chercher leurs progénitures
A la sortie de l'école.
Ouf ! Voilà plusieurs années déjà
Qu'elles ne sont plus
Des errantes
De surface.

lundi 4 avril 2011

Meeting my silent river.

I don't know where seasons are running
Like galloping horses.
Towards the end of the world
Or towards meeting you.
It's hard to tell
And sometimes hard to choose.

vendredi 1 avril 2011

Des chaussures sans lacets.

De 14h à 14h07, ligne 10,
Grande et jolie blonde
De type hollandais
Un petit short, une queue-de-cheval,
Une écharpe grise nouée autour du cou
Un blouson de cuir gris-bleu
Des collants et des chaussures sans lacets.
Visage fin qui lui donne une gravité dans sa pâleur.
Des collants et quoi déjà,
Des chaussures sans lacets ?
Entre les baskets et les ballerines,
Objet non identifié qu'elle porte aux pieds.
Tu parles d'une hippie,
Ses parents devaient regarder en boucle
L'épisode des Double Deckers avec le pop singer
Et se parfumer au patchouli
Mais dans leur insouciance ils ont fait
Une fille vraiment très jolie
Sauf qu'elle a des chaussures sans lacets
Et que moi j'aurais été trop puni
Si je n'avais pas lacé mes chaussures
A n'importe quel âge de ma vie.

J'admire l'insouciance des filles
Et leur beauté, parfois, aussi.

jeudi 31 mars 2011

On ne connaîtra jamais la suite.

- Tu crois que j'ai une vie
Comme tous les autres connards,
Lui dit-il.
Moi, je vais faire quelque chose de grand !"
Il réfléchit un peu.
- Tu m'entends ? Quelque chose de grand !"
Il réfléchit encore un peu
Comme on boit un coup de trop.
- Au moins une chose de grand !"
Et il se jette en avant
Vers la rame hurlante
Qui apparaît soudain,
Hurlante en sifflotant
Comme n'importe quel péquin
Au sortir d'un tunnel.

L'après-midi d'un coureur.

De la promenade des Cygnes, les coureurs
Éliminent les gigots et les tourtes
Qu'ils ont vus en vitrine.
Puis, dans des pots de yaourts,
Ils roulent à cent à l'heure
Vers des Boîtes où donner de l'avoine aux gamines.

There's no place like home.

Les horaires d'arrivée des métros
Affichés sur les quais
Ont leur système bien à eux.
J'ai beau lire des livres,
Le temps ne passe pas.
J'ai beau regarder les gens,
C'est toujours le même temps.
Et puis je pense à toi
Et me voilà
Rentré chez moi.

dimanche 27 mars 2011

Nina Simone.

Ce soir tu
Inventes l'amour
Comme
Nina Simone
Se réappropriait
Des mélodies connues
Usées par les vents
Ou par trop de mauvaises interprétations,
Pour en faire
Quelque chose de personnel
Et de magique
Pour toujours.

David's good fortune.

Il y a deux sortes d'hommes :
Ceux qui aiment les blondes
Et qui finissent avec une blonde.
Ceux qui aiment les blondes
Et qui finissent avec une brune.

vendredi 25 mars 2011

Odéon six heures du soir.

18h en ce vendredi de printemps
Dieu que les filles sont jolies
Je discute avec Zoé Ferdinand
De l'extension de son magasin de vêtements au Japon
Loin de la rue de l'Odéon
Quand de cette rue déboîte droit sur moi
Une brune élancée comme seules le sont les brunes
Et avant de croiser mon regard
Elle chausse une paire de lunettes de soleil
Avant de bifurquer vers la vitrine de Kyrie Eleison
Dans laquelle elle plonge ses carreaux fumés.
Hey, droit sur moi je l'ai vue arriver
Comme chez Duchamp le nu descendant l'escalier
Ou comme si The Vaccines jouaient leur chanson
Under your thumb, juste pour accompagner ce mouvement
Mouvement de cette beauté brune qui fond droit sur moi
Met ses lunettes pour faire écran à mon regard
Déguste mon trouble toute seule
Et va se planter dans la vitrine
Comme une mouche dans le rideau de voile
De l'amour.

Théâtre de L'Athénée.

Michel Fau fait semblant de mourir
Dans un théâtre où Jouvet l'a fait pour de vrai
Sissi en infirmière provoque bien des rires
Et le rire tient toujours les fantômes en respect.

Des abusés.

Les gens qui se comportent salement
Vivent avec leur temps,
Me dit-elle.
Je l'embrasse
Et mes lèvres sèches
Sont comme une éponge à craie
Qui effacerait une vérité innommable
Écrite au tableau
D'une salle de classe déserte.

mardi 22 mars 2011

Salvation.

For a musician
Yesterday it was crap to have a song
In advertising.
Today is salvation.

lundi 21 mars 2011

Adoblescence.

L'exhalaison des Prunus
Dans les jardins des résidences
Était le signe du printemps.

Le cœur parfois criait souffrance
Et la somme de nos instants :
Un camouflet de poupées russes.

Je sais j'en voulais toujours plus
Mais je perdais toujours confiance
En chemin de l'établissement

Scolaire quand je prenais le bus
C'était souvent le cirque Gruss
Pour t'arracher un compliment.

Alors j'attendais les vacances
Ton départ pour Aix-en-Provence
Sous l'ombre rosée des Prunus.

Sur des plages où débilitant
Ton corps à des olibrius
Lentement tu passais le temps.
Sous un beau soleil éclatant
Moi je cumulais les nimbus
En maugréant sur ton silence.

samedi 19 mars 2011

Samedi soir au poisson rouge.

La seule chose réconfortante
Avec le samedi soir
C'est les filles qui ont des gâteaux dans les mains
Bien enveloppés dans de l'aluminium
Où s'en vont-elles ?
Vers une construction de gâteaux
Sur le rebord d'une cuisine
Dans un deux-pièces de République.
Je rêve d'un samedi soir où tout le monde
Se déplacerait dans le métro et dans les rues
Avec un petit poisson rouge.
Même les andouilles, même les crapules.
Même les phénomènes solitaires,
Même les phénomènes de bandes.
Cela ferait des vacances
Au vacarme.

vendredi 18 mars 2011

Le bar de l'aviation.

En rentrant de l'inauguration
Du salon du livre, mon amoureuse et moi
Prenons le boulevard Victor
Et passons devant le bar de l'aviation.

Un endroit qui m'est familier,
Un bar qui à l'heure où j'écris
N'a pas encore changé
De destination.

Mon père connaissait bien ce lieu
Lui qui la majeure partie de sa vie
Fut officiellement :
Personnel navigant.

Jumbo-jet et caravelles.

Est-ce que lorsqu'il tondait le gazon
Dans le jardin de son pavillon des Yvelines
Il se remémorait
Combien avait été excitant et périlleux
D'atterrir aux commandes d'un coucou
Sur la première piste jamais créée
A Tahiti ?
C'est ce que je me demande,
Aujourd'hui.

Tout pour la musique ?

En pleine nuit le voisin d'à côté
A mis sa musique à fond.
Ce matin pour se venger
Le voisin du dessous
A balancé la sauce (genre U2).
J'ai voulu fuir et dans le métro
Deux de ces adolescentes malpolies
Le genre qui pullule aujourd'hui
Ont mis leur musique à fond.
Je devais aller à un concert ce soir :
Au-dessus de mes forces !

Mai dans la saison.

 à Mai Do.


Mai dans son manteau d'hiver
Est une saison à part entière.
Ses cheveux coupés au carré lui vont bien
Et font de sa nuque un chemin.
Si je devais voir le monde à partir d'elle,
Je dirais que sa cousine, assise près de moi,
Est comme un pays lointain
Et familier à la fois.
Frédéric me dit :
"Je viens d'apprendre un truc incroyable :
Le vrai prénom de Mai !
Tu le connais ?"
Oui.
Elle a plus d'un tour dans son sac
Pour les bouleverser tous
Mais perd son Blackberry
Sans en faire tout un plat
Dans la rainure d'un canapé
Ou dans la poche de quelqu'un
Qui essaiera de l'appeler
Plus tard, dans la soirée.
Bien sûr, elle ne répondra pas.

mardi 15 mars 2011

A la merci des vents.

à la mémoire du fantôme fringant (et triste ces jours-ci) de Richard Brautigan.

Les particules radioactives
Et les valeurs boursières
A la merci des vents,
Comme Ulysse au retour de Troie.

Une tragédie grecque à laquelle Homère
A quand même trouvé
Un happy end.

Mon cœur et mes soucis font route aujourd'hui
Vers le pays du Soleil-Levant.

lundi 14 mars 2011

Le rêveur sans contrées.

Je devrais prendre un rendez-vous
Avec mon emploi du temps
Mais je ne fais rien
Et d'autres me passent devant
Pour atterrir
Dans des endroits où je n'irais même pas en rêve
Ou bien pour finir
Dans les mêmes lieux que moi.
Alors ?

samedi 12 mars 2011

Balthus.

Elle pleure devant les images en provenance
Du Japon.
Je ne sais pas comment consoler sa peine
Alors je lui prépare un bol d'Original Alpen
Swiss Style Muesli.

vendredi 11 mars 2011

8,9.

Stéphane m'appelle pour me dire qu'il vient de terminer
Le chemin de fer du Bordel Japon.
Quelques minutes après je vois aux actualités
Que tout déraille.
La violence des hautes vagues qu'on ne peut juguler
Et qui emporte tout dans ses moindres détails.
Japon que j'aime tant.
Et c'est comme si l'effroi,
Le tracas de l'instant,
Venaient de donner à Pierre Barouh
Ses cheveux blancs.

Pour une seule nuit.

Tu avances mieux que quiconque en territoire accidenté
La folie de ton corps et le feu qui me ronge
N'ont pas trouvé de branche encore où s'agripper
La bouche blessée du crépuscule se clôt sur un mensonge.

mercredi 9 mars 2011

15h28.

Blouson camouflage
Pour motif et collants noirs
Longue chevelure blonde,
Elle traverse le passage clouté
Face à la terrasse du Rouquet,
Belle sans même m'apercevoir
Et puis voilà, dès que c'est fait,
Elle réajuste son blouson sur sa chemise ouverte.
Encore une qui s'est fait pincer par la saison.
L'hiver n'est pas encore à mettre
Aux oubliettes.
Et le vent préside
A la sépulture fragile
D'un instant merveilleux.

Merci d'être Vénus.

Le fantôme de Robert Malaval
S'est retrouvé sur une tunique
Portée par une femme unique
Dans la collection de Jean-Charles.

Une brune se prénommant Lola
Coupe Louise Brooks et jolies cannes
A discuté avec Stéphane
Un rang juste au-dessus de moi.

Des mains portées comme des bijoux
Couvrant les seins, couvrant les nuques
Qu'un Salvador Dali reluque
Un dalmatien sur les genoux.

Puis, suite à ce grand rendez-vous,
Du défilé Castelbajac
Je m'en fus mirer les Cranach
Au Luxembourg, et tout d'un coup,
Devant leur nudité intacte
L'envie de dire : Habillez-vous !

lundi 7 mars 2011

Kamikaze of happiness.

Je n'ai jamais vu
Une japonaise pleurer
A Paris.
Peut-être sont-elles plus heureuses,
Ici.

samedi 5 mars 2011

vendredi 4 mars 2011

Trop froid pour fondre au beau soleil de mars.

La petite dinde high-tech
De la rue de Passy
N'est pas un hologramme.
Tant pis pour celui qui l'aime
D'un réel amour.

jeudi 3 mars 2011

Entrée au musée national.

Fragilité de l'âme, forces de la nature,
Il en a peint des rousses, Jean-Jacques Henner !
Des nus qui piquent un fard !
Mais n'avait pas prévu, près d'un siècle plus tard,
Que l'hyper grain de beauté d'Alexandra Geyser
Affolerait ses peintures.

mardi 1 mars 2011

Play it again, Sam.

Djaïsan dit que Lee Perry,
L'auteur de Black board jungle,
Est un vrai jamaïcain
Il a inventé le reggae et coïnventé le dub,
Il a arrêté de fumer pendant que George Clinton
Inventait le funk,
Et Frédéric a entendu Henri Salvador dire
Qu'il avait lui-même inventé la bossa-nova.
Après ça, on ne sait plus quoi inventer !
Alors on s'en va
En répétition.

lundi 28 février 2011

Philosophie des heures de pointe.

L'humanité est prête
A vous marcher sur les pieds
Pour trouver une place assise.
Mais pour se tenir debout,
C'est autre chose.

dimanche 27 février 2011

samedi 26 février 2011

The reflection of the moon.

I don't know if I could show myself again
In front of your father, he said
I failed my final exam !
The girl that listened to him was well dressed
And beautiful.
An educated beauty with the killer instinct of the Youth.
He stared the little dimple fixed on her face
Like the reflection of the moon under her lips.
He seemed very annoyed
Thinking about their walk around the lake last summer
Where nothing really happened.
It was his last chance to become what he was programmed for :
A perfect jerk.

jeudi 24 février 2011

Hiver.

Je n'ai aimé que toi une saison entière
Il neigeait sur Paris, le froid étourdissait,
Nos mains faisaient du feu comme on frotte deux pierres
La source de se plaire jamais ne tarissait.

Dans la rue, vers quatorze heures.

Elle était si longiligne
Que l'on n'aurait pas dit
Qu'elle dévorait un sandwich
Mais plutôt
Qu'elle lui courait après.

mercredi 23 février 2011

Un express pour nulle part.

Les trains sont faits pour somnoler
En pensées dans les bras
De personnes rencontrées
Et qu'on ne reverra pas
De sitôt.

mardi 22 février 2011

Loved by a coward.

If my poem was a revolver
I'll put a silencer on
And I will go slowly into the dark
To the part of you that turns your back on me.
And I'll pull the trigger and fire,
Running away into the night
With the part of you that still loves me.

lundi 21 février 2011

My honey doesn't look back.

I was reading an article on bees leaving inexplicably their hives,
While she left the bathroom at the same time.
Lights out ?
Just for the night, honey, she said,
End of the world is not my type.

samedi 19 février 2011

vendredi 18 février 2011

Cours Florent, cours.

Les actrices sont démentes
Et démentent qu'elles le sont.
Quelle leçon !

jeudi 17 février 2011

Pascal Le Gac.

Les fondants au chocolat de Pascal Le Gac
Sont sublimes.
Et même si le fondant est au palais
Ce qu'au ballet est le lac
Des cygnes.

mercredi 16 février 2011

En libre-service.

J'ai cru vous reconnaître
Dans une meute de vélib'
A un feu rouge.
Vous vous déchaîniez amèrement
Sur un type à côté de vous.
Vous lui reprochiez
De ne pas savoir rouler
A votre rythme
Et tout un tas d'autres choses
Dans la roue de votre intimité.
Vous ne m'aviez jamais
Houspillé de la sorte
Quand nous étions ensemble.
Mais ça remonte à un bail,
Il faut dire.
Au temps où les vélos
N'étaient pas
En libre-service.

mardi 15 février 2011

lundi 14 février 2011

Contre-programmation.

Les filles du passé ne vieillissent pas comme il faut
Pas assez vite, hier sur le moment,
De manière inexorable et détachée, aujourd'hui.
Sans qu'on puisse y faire grand-chose.
Les sentiments s'altèrent moins vite que les êtres
Il y en a même qui
Toute une vie durant
Resteront sur la rampe de lancement.
Il y a au cœur de l'après-midi
Une plage de temps bien trop calme
Où l'on pourrait s'allonger
Et suivre du regard
Ce qui refait surface.
Je voudrais que jamais les filles du passé ne vieillissent
Je préfère ne pas te revoir.

samedi 12 février 2011

Cute killer in your smile.

There's a cute killer in your smile
When the wind is blowing by your side
Strangers are always handsome
He says quickly when he aims.
There's a cute killer in your smile
Nobody wants to die for him
For you it's another story
A story full of tears with no place
For the cute killer in your smile.

vendredi 11 février 2011

jeudi 10 février 2011

Girl in the rain.

Jumping in puddles
Everyday she tries
To hijack a rainbow
With her gold-tipped shoes.

mercredi 9 février 2011

Tante Jacqueline.

Tante Jacqueline a 86 ans
Et elle m'explique
Qu'un jour son chat
Par mégarde enfermé
Dans le coffre d'André
S'est échappé dans la ville de Soignies
Et qu'il a mis
Trois jours et trois nuits
Pour retrouver le chemin
De la maison,
A Gibecq.
Comment a-t-il fait ?
C'est le mystère insondable des chats.
Dans un dessin animé
Il aurait rencontré sur sa route
Tout un tas de chats mémorables
Pour l'aider dans son retour
Des chats de mythologie, quoi,
Mais dans la réalité
Comment connaître la direction
Exacte de la maison
De Soignies à Gibecq.
- Tu comprends, me dit Tante Jacqueline,
Pourquoi je ne veux pas d'autre chat.

Cela fait trois jours et trois nuits
Qu'elle pleure
La mort de son chat.
Et ses larmes
S'échappent de son visage
Et partent
Dans toutes les directions.

mardi 8 février 2011

France Preseren.

Les imprimeries en Slovénie
Sont toutes fermées aujourd'hui
C'est la fête nationale
Qui correspond
A la mort du grand poète  :
France Preseren.
Quelle belle et étrange nation
Pour faire de la mort d'un poète
Leur fête nationale ?
C'est pas ici que ça arriverait.
En même temps, chez nous,
La fête nationale correspond
A l'assaut d'une prison
Qui contenait trois pelés et deux tondus.
Presque autant que ceux qui lisent
De la poésie aujourd'hui.

C'est peut-être aussi la raison
Pour laquelle leur fête nationale
Célèbre un poète
Et pas une bataille à la con,
Que les slovènes sont très jolies,
Et qu'elles ont les jambes longues et libres
Comme des vers de Rimbaud.

lundi 7 février 2011

dimanche 6 février 2011

Golden Eighties.

Taquinée,
Convoitée,
Crucifiée,
Elle était la plus jolie fille du lycée
Et puis
Elle s'est perdue de vue.

vendredi 4 février 2011

Requiem for Maria.

Marlon Brando drowns his despair in sex
Like Maurice Ronet does with alcohol
Maria Schneider stands in his way,
A Dorothy Gale without a cause.
Joy is an unreachable star
With her hat on, naked thighs, she wears boots,
And so on.
Joy, the brightness of her cheeks.
They said she died after long illness
This is said in these cases :
After long illness
Like it was a very dark slow motion picture,
An obscure follow shot between life and death.
Joy, the brightness of her body
In the ghost buildings of Passy.

jeudi 3 février 2011

Demain peut-être.

Ne mets pas beaucoup d'arbres tristes
Sur ta route,
Des rubans de couleur
Ordinaires suffiront.

mercredi 2 février 2011

Paper moon.

 à Erwan Denis.

Je travaille cette après-midi
Sur des textes pour un livre d’art
Signé Erwan Denis.
Dans ce livre on trouvera
Des collages de lui, et des textes
De ses amis ou des gens qu’il aime :
C’est souvent le même phénomène.
Dans les collages d’Erwan,
Il y a des filles qui tombent du ciel
Et des avions en papier
Dans des étuis à revolver,
Une pagaille monstre, un Bel enfer,
Des robots cernés par leurs rêves
Des amoureuses à l’horizon
Dont il scrute avec précision
Les jolies pliures de leurs lèvres.
Tiens, il y a un autre Denis que j’aime
Il s’appelle Maurice c’est un nabi
Un de nos meilleurs nabis
Comme Erwan
A qui ce poème
Je dédie.  

mardi 1 février 2011

A timer in heaven.

I'd like
To hear
Your breathing
Go off
Into the night,
Like there was
A timer
In heaven.

Democracy is a wounded girl.

Left on her own
She was fine.
Left to others
She had no chance to get by.

dimanche 30 janvier 2011

Elle déjeunait d'un plat chaud en haussant les épaules.

La ligne de sa silhouette
La ligne de ses hanches
La ligne de nos vies
La ligne de chemin de fer,
Et tout ça à très grande vitesse.

samedi 29 janvier 2011

Café de la paix, La Rochelle.

La première fois de ma vie où j'entre au Café de la paix,
C'est l'éblouissement simple de se sentir bien.
Banquettes propices aux rêves miroirs
Traversés de passants armés de leurs regards,
Il est six heures du soir.
Je pense à filmer ce Café
Mais le souvenir d'une telle sensation
Capturée dans une petite boîte
Retransmet à peine la sensation du souvenir.
Ou bien il faudrait inventer une fiction
Pour retrouver
Ou supplanter
L'émotion d'une première fois.
Dans cette fiction
Assis dans ce Café de La Rochelle,
J'attends une fille.
Elle porte un prénom plutôt long et une jupe plutôt courte
Elle a des yeux chocolats
Qui sont les seuls yeux qu'on boit
Par petites gorgées.

vendredi 28 janvier 2011

Icône jour.

 à Caroline Ducey.

D'essence hollywoodienne :
La grâce et la vitalité,
Le beau visage affûté,
Jean Arthur chez Frank Capra,
Margaret Sullavan,
Ou Blanche Sweet qui chantait :
There's a tear for every smile in Hollywood.
Rencontre dans un restaurant de St-Quentin
Où je mange une sorte de Dame Blanche qu'ils appellent ici :
Souvenir d'enfance. 
Le lendemain après-midi
Aurélia lui fait une coiffure de lionne des steppes,
Elle dévore la caméra comme si c'était un steak.
Valse hésitante des regards et des mots qui feint l'assurance :
Le cinéma.
Faut-il passer par Romance pour devenir Delphine Seyrig ?
Était la question que j'avais sur les lèvres
Avant d'y avoir
Son joli grain de beauté en dessous de l'oreille.

jeudi 27 janvier 2011

The secret life of a movie star.

Arrivant à l'hôtel
Et attendant que l'équipe
Rentre du plateau de tournage
Pour le dîner,
J'ai regardé dans ma chambre
Un reportage
Sur le recyclage
Des Vuvuzelas.
C'est ça aussi,
Le cinéma.

mercredi 26 janvier 2011

Entre quatre murs.

Hier soir
Gare du Nord
Boulevard Magenta
17h
Un grand black
Met une torgnole à son fils.
Celui-ci s'effondre
Et sa tête
Heurte
Le pavé.
Il se relève en pleurant.
On imagine ce que ce doit être
Entre quatre murs.

mardi 25 janvier 2011

Neighboring countries inside me.

I live in the land where love comes true
And I wander in a land of unaccomplished love,
Neighboring countries inside me.

lundi 24 janvier 2011

Haïku de l'immuable.

Quand la pluie cesse et que mon coeur bat
Entre mille je reconnais
Le bruit de ses pas
Dans la cour.

dimanche 23 janvier 2011

La Roche-sur-Yon.

La cité garnison a des avenues bien droites
En plein milieu desquelles on peut mettre un canon
Mes foulées dans la nuit ne sont pas bien adroites
Car j'ai dans le buffet deux bolées, trois canons.

Avec Michel le libraire, déjeuner au Clémenceau.
Pascal et Pat rivalisent de plus belle
Pour faire de chaque instant un souvenir très beau.
Prochaine étape : La Rochelle.

Lollypop's syndrom.

We often experience
The artificial taste of life.
Nevertheless
We will go through.

vendredi 21 janvier 2011

Le bassin aux nymphéas (1899).

- Moi ça ne m'arrange pas
D'avoir la voiture demain,
Parce qu'après je vais bruncher
Avec mes copines."
Dit-elle à sa mère, en passant devant
Le bassin aux nymphéas
Peint en 1899 et conservé à Londres.
Il y avait beaucoup de gens à l'emploi du temps serré
Dans les trois derniers jours
De la rétrospective Monet.

jeudi 20 janvier 2011

Winter sun reborn.

Leaving
"La grande épicerie de Paris",
My distracted look
Meets her
In the plenitude of a fine afternoon.
She was looking at me already for a thousandth of a second.
She was ahead of me
Of one millisecond.
And her beautiful face
Hits me in welcoming me
Like a winter sun reborn.

mercredi 19 janvier 2011

Murakami-kéa.

J'ai regardé le staff
De Murakami
Se prendre la tête (de Bouddha)
Pendant des heures pour la poser
Au millimètre près
Sur son socle.
Et moi en trois minutes
J'ai brisé entre mes mains
Les articulations en plastique
D'une boîte de rangement Ikéa
Que je n'arrivais pas à monter.
Héros sans patience de constructions sans gloire,
Mettez ça sur mon CV.
Impossible dans ces conditions
De demander l'asile au Japon.
Je ne suis pas fait pour l'Art
A peine pour la poésie.
Qui tombe du ciel et qui vient de soi
En un joyeux
Patatras.

mardi 18 janvier 2011

Coco Sumner in Paris.

She's like a child locked in a music box
She finds an opening in her heart
Mature and sulky, what a paradox
That beauty reconciles in her art.

Faced with the violence to be herself
Her keen eyes catch the audience
She's like a pretty girl from Veermer de Delft
But too much rock to make stamps.

Icon of instinctive modernity, someone
Filmed her with a 8mm camera,
Music is the place where happy memories
Happen again.
Even here in Paris.

dimanche 16 janvier 2011

Silent fireworks.

A christmas cracker
Pulled to one side
That's what love was
In my 18 year old.

samedi 15 janvier 2011

Jeune femme à la bouteille de jus d'orange.

Il n'y a qu'une touriste pour boire
Une bouteille de jus d'orange d'un litre
Au goulot et en plein coeur
De l'esplanade
Des Invalides
Me dis-je
En traversant le pont
Pour aller voir madame Monet
Se faire retenir vivante
Dans la cage de l'inspiration.
J'ai soif, dit Camille
Quand est-ce que c'est fini ?
Ne bouge pas, répond Claude,
Le problème c'est qu'on ne sait jamais
Quand c'est fini
Et s'il ne tenait qu'à moi
Et pas à cette chienne de vie
Je pourrais te peindre
Jusqu'à ce qu'ils inventent
Le Pschitt.

vendredi 14 janvier 2011

Au moment où elle renversa son couteau.

Elle se tenait droite comme un i
Pour manger son omelette au jambon
Au Sanseveria,
Rue de Rivoli.
Son couteau elle renversa
Au moment où en Tunisie
On renversait l'oppresseur.
C'est qu'il s'en passe
Rue de Rivoli
Des choses à toute heure.

The low profile of desire.

Dressed in a white rain coat
In the subway station called :
Mirabeau.
Something in her face
Tough and sweet
Like a sunrise captured by a leather glove
That only a smile can crack.
Beauty of the unknown,
Uncertainty of a crowd that never comes.
Let me see your face
As if I was looking at a smashing painting
In the gallery of instant.
I don't want much more in this world
Or so for today.

jeudi 13 janvier 2011

Un goûter chez Sissi.

Un goûter chez Sissi
Une jolie table qui donne sur la place Pigalle
Et Delphine une amie
Gracieuse comme une danseuse de Chagall.

mercredi 12 janvier 2011

The candy machine.

She kept staring at the candy machine
Under the blue grey sky of loneliness
I didn't know if she was
Lost in her thoughts
Or if she really wanted a candy bar.
I'll never know
I had no change.

mardi 11 janvier 2011

Pluton, plutôt.

Au nombre de détritus
Qui jonchaient le sol
Où en quatrième vitesse
Il songea atterrir
L'intrépide Martien
Fit immédiatement demi tour
Et se dit
Qu'il trouverait bien quelque chose
Pour décider ses congénères
A envahir Pluton,
Plutôt.

dimanche 9 janvier 2011

Making movies.

You told me making movies
Is an aphrodisiac and perverse machine.
That's what you told me, one hundred times,
A bunch of tears riding with your voice.
And I replied to you
Once and for all :
Action !

vendredi 7 janvier 2011

Fleur de non souci.

Je patientais derrière mon micro
Pendant qu'elle interviewait
L'invité
Qui me faisait face.
Et, après la chanson où elle aurait pu le lâcher un peu,
Elle est revenue vers lui.
Et après encore, elle a passé une autre chanson
Plutôt soporifique
Qu'elle aurait très bien pu écourter
Et qu'elle a quand même fini par écourter
Pour conclure.
Mais juste avant  de reprendre l'antenne
Elle s'est penchée vers moi
Pour me dire :
- Je suis désolée, on ne va pas avoir le temps
De parler de votre livre.
J'avais vraiment prévu de le faire,
Mais je n'ai pas vu le temps passer."

jeudi 6 janvier 2011

The inverted sky.

Thousands of dead birds rain down on Arkansas
Correspond to hundred of dead black birds down in my heart.
This is not a question of temperature,
Or a sad omen.
It's the inverted sky,
And the low oxygen level when you left me,
And the earth who rotates just a little slower
Without you.

mercredi 5 janvier 2011

Princess of Beaugrenelle.

à Alexandra Geyser.



Il y a dans ce quartier
Qu’on appelle :
Beaugrenelle.
Une princesse qui vit dans une tour
Haute et impersonnelle.
Elle suscite la convoitise d’hommes
Furibards de ne savoir être doux.
Elle promène son Leica dans Paris
Se demandant par hasard
Si la Tour Eiffel ne serait pas bisexuelle ?
Elle manque toujours ses premiers rendez-vous
Comme si elle était prisonnière de l’instant.
Elle connaît la dureté d’être frêle
Princesse de Beaugrenelle
Dans ces tours où personne ne se dit réellement Bonjour
Dans ce monde où la plupart partiront
Sans s’être dit Au revoir.

The cacophony of death.

If she only knew
Death is not silence
She wouldn't kill herself.
And she would walk like a ghost by her side
Selling postcards from quietness.

lundi 3 janvier 2011

The most spontaneous applause.

The most spontaneous applause
Came when you told me :

- I'm in love with someone."

Because the road was halfway done.

Extra pour les fêtes.


Elle avait des yeux gris bleus du tonnerre
Une frimousse à venir des pays du froid
Normal qu’ils l’aient engagée comme extra
Pour les fêtes au Picard de Verneuil sur Seine.

Des petites tâches de rousseur constellaient
Son visage comme des pépites de chocolat
Sur les cookies sortis du four ou bien comme les étoiles
Qui canardent la voûte céleste
Quand elles ne sont pas projections de nous-mêmes.

Il y avait foule en cette après-midi de la Saint-Sylvestre
Chez les commerçants de Verneuil-Sur-Seine
Mais rester chez soi sans l’apercevoir eut été trop bête
Même pour faire des cookies ou des poèmes.



dimanche 2 janvier 2011

First home baked poem.

I dreamed of Erika Forster from Au revoir Simone
She was cooking for me some lovely cupcakes
Each one of them was lovely but deformed
Like the true love when it's fake.


She approached her beautiful long hair and said gracefully in my ear :
 - Hey man, no mistake,
La légende des siècles ne vaut pas un steak."
That means : 
A fucking old book don't worth a piece of meat.