samedi 30 avril 2011

Schopenhauer & cats.

Je me rends à l'ambassade de Roumanie
Non pas que j'y dépose les armes
Mais j'y vais à pied quoi,
Passant dessous le pont de Bir-Hakeim
Où une jolie japonaise en bottes de caoutchouc noir
Photographie un mariage coréen.
Je vais assister à une célébration du centenaire de la naissance
De Cioran.
Je lui apporte mon désespoir et mon humour
Comme cadeau d'anniversaire.
Je me souviens qu'en 1993 j'avais eu une conversation
Avec mon ami Jean-Luc qui m'avait agacé
La conversation et lui
A propos de Cioran.
Il avait l'air de jeter sa lecture par-dessus son épaule
Comme on trinque à la russe.
"Tu comprends, soutenait Jean-Luc,
C'est un type qui écrit pour les adolescents !
- Moi d'abord, lui avais-je répondu, je n'aime que les types qui écrivent pour des adolescents !"
Et c'était vrai d'ailleurs : Salinger, Fitzgerald...
(Bon, ok, ok, je n'aimais pas beaucoup de monde)
Et puis Jean-Luc m'avait raconté une histoire,
Il avait connu une fille,
Une superbe fille,
Dont Cioran se serait amouraché dans les dernières années de sa vie,
Et la fille lui en faisait voir des vertes et des pas mûres,
Comme ce qu'est parfois la philosophie,
Elle partait en vacances par exemple au ski ou sur la Côte d'Azur,
Et elle ne lui écrivait aucune lettre,
Même pas le moindre aphorisme qui est un style d'écriture vraiment bien pour les cartes postales,
Nada !
En revanche, elle lui laissait son chat à garder !
Et lui, Cioran, de dépit, il martyrisait le pauvre chat.
Le récit de Jean-Luc ne dit pas comment.
Peut-être en lui montrant des photos de Schopenhauer,
Ce genre de matous-là !

vendredi 29 avril 2011

Le protocole du hasard.

Le prince William a l'air d'un type épatant
Et Kate Middleton a vraiment la touche d'une princesse
Mais toutes les filles devraient avoir la touche d'une princesse
Quand elles rencontrent leur prince charmant.

Un baiser console toujours.

Un attentat aveugle et meurtrier au Maroc,
Les noyés d'un ferry renversé sur le Nil,
Cette famille à Nantes entièrement trucidée,
Des tornades laissant la mort et la désolation sur leur passage
Dans le sud des États-Unis,
Mais à 14h 25,
Heure française,
Ne manquez surtout pas
Le baiser échangé
Au balcon de Buckimgham Palace !

Caligula pour les insectes.

J'ai habité trois quatre ans rue du Regard
Face à la tour Montparnasse pratiquement
Dans le Haut-Empire de mes vingt ans.
J'étais toujours amoureux de filles
Foutues comme des lucioles réversibles et sans grande imagination
Qui se contentaient d'être là
Entre quatre heures de cours à la fac, pas davantage par journée.
Un taux de romantisme insupportable pour tout autre garçon de mon âge
M'empêchait d'être cynique,
Et même si je rentrais souvent seul, le soir, par la rue du Cherche-Midi.
J'étais un gentil garçon.
Je n'aurais pas fait de mal à une mouche.
Ou alors s'il était vraiment question d'occire une mouche
J'attendais toujours patiemment de la prendre au piège de la liberté
Comme elle s'était prise au piège du rideau et de la fenêtre.
Je n'arrivais jamais à être une espèce de Caligula
Même pour les insectes.

Le marché de l'art.

Cette fille est une véritable œuvre d'art.
Elle cherche quelqu'un qui la cadre
Avant de se faire accrocher quelque part.

The success story of life.

Life is a scenic railway.
It takes a long time to reach the top
And once achieved
It goes fast and faster.
And you come out with a very strange smile,
Unless having puke on the corners.

jeudi 28 avril 2011

Et maintenant un peu d'exercice !

Exerce-toi à l'absolu
En t'y prenant à l'instant.

Exerce ton désespoir
A faire du sentiment
Dans ta mémoire.

Exerce ton désir
En le démasquant.

Exerce toi à fuir
Fidèle en te restant.

Exècre tous ceux
Qui te tirent vers le bas.

Exerce ton pouvoir
Dans le renoncement.

Exerce ton courage
A devenir le héros
De ta propre histoire.

Marie-France.

Dans les années 70
Toutes les filles de 25 ans
S'appelaient Marie-France.
Elles étaient belles, libres, et indépendantes,
Elles avait toutes un travail entre deux trains de banlieue
Courtes étaient leurs jupes et longue leur espérance de vie,
Même si elles s'envoyaient des clopes par paquets.
Leur sourire était l'horizon à atteindre
Au lance-pierre de leur petite moue désinvolte.
Et bien que certaines d'entre elles eussent été cruelles
- Ou inconscientes du mal fait comme une fleur trop fragile -
L'avenir de leur beauté s'appelait :
Intelligence.

Francis Poulenc.

Le soleil fait couler
De l'après-midi
En toi
Sur la pelouse
Des jardins
Du conservatoire
Francis Poulenc.
Ton rendez-vous
Avec les ténèbres
Attendra.

vendredi 22 avril 2011

L'anniversaire manqué.

à Claire Pilisi.

J'ai oublié que ton anniversaire revenait toutes les années
Et donc je l'ai manqué
Comme un bus scolaire qui ne vient plus te chercher
Pour t'emmener à Notre Dame de Verneuil
Ou au Corbusier.
J'étais dans les nuages et dans la tarte au riz
De monsieur Brousmiche, meilleur pâtissier de Lens,
En Belgique sur la route entre Mons et Ath.
Autrefois : Jean et Jacqueline, et puis le précédent pâtissier,
Jean,  en traversant la route s'est fait écraser.
C'est ce qu'on m'a raconté.
Un désastre humain et pâtissier.
Il faisait les meilleures tartes au riz du Hainaut Occidental,
Monsieur Brousmiche a repris sa recette,
Et lui rend hommage chaque jour,
En se gardant bien de traverser cette maudite route
Et en continuant à faire les meilleures tartes au riz qui soient.
Elles ont la clarté, le fondant et l'onctuosité des nuages
Dans lesquels Jean doit se reposer.
Je t'aurais bien apporté une tarte au riz pour ton anniversaire,
Mais ils n'en font pas en France,
Et le fait qu'il n'y ait plus de frontières n'a même pas profité
A la pâtisserie il me semble.
Juste aux petits escrocs qui font leur business jusqu'aux Pays-Bas,
De jour comme de nuit dans leurs puissantes automobiles,
Comme c'est triste tout ça.
Je suis encore plus triste d'avoir manqué ton anniversaire
J'essaierai de me rattraper, vite,
Plus vite que le temps qui passe
Comme un bus scolaire qui marque les arrêts.
On y revient toujours sans revenir en arrière
C'est le principe inquiet
Des anniversaires.

L'après-midi d'un galion.

Pour échapper au soleil écrasant
Pas de meilleure issue que de suivre
Les jambes hautes et fraîches
D'une fille qui remonte
Sa mini jupe et la rue de Grenelle.
Arrivant à hauteur du magasin de jouets
Au Lotus qui fait l'angle
Avec la rue Amélie,
Je vois dans la vitrine un superbe galion.
Que faire ? En quelles vitrines aborder ?
Le magasin de jouets a raison de mon coeur,
Je plonge vers le galion, cruauté de toutes pièces,
La fille disparait pour toujours.
Un désir qui ne vaut pas un magasin de jouets.

Pensée conviction.

Tant que son travail vaut
Son pesant de cacahuètes,
Il est plus poli de faire le singe
Pour le présenter au public.

lundi 18 avril 2011

Week-end.

Gibecq et son église, la perle du Hainaut,
Aimait dire mon grand-père conduisant son auto
Non loin de la ville d'Ath se trouve le château
De Beloeil
Où Charles-Joseph de Ligne appelé aussi Charlot
- Qui loin d'en être un - jouait les Roméo
Revenant de défaire les Prussiens à Breslau
Régnant sur un empire composé de bons mots
Il aurait bien souffert d'un siècle sans héros
Où la postérité jouxte le lavabo
Pendant que moi je vise le volant le plus haut
Jouant au badminton vraiment comme un manchot
Cherchant pour ma musique un ou plusieurs mécènes
Mais j'ai peur que ce soit un dimanche au galop,
Comme à la porte d'Auteuil,
Où dans la sixième course au moins deux des chevaux
Portent des œillères dites à l'australienne.

vendredi 15 avril 2011

Toi puissance eux.

Ta nuque dégagée
N'entre jamais en collision
Avec tes soupirs.
Le champagne t'aide
A faire des sauts de cabri
Dans la notoriété.
Commettre des larçins
Dans des vitrines de lassitude
Telle une fille de la nuit.

jeudi 14 avril 2011

Evénements mémorables pour peu qu'on s'y arrête.

Dans un blouson de cuir elle tirait sur sa clope, métro Jaurès.
Ne pars pas, ne pars pas, encore un tour, je reste.
Une volute de fumée voyage en première classe.

Perdu dans mes rêveries je n'ai pas reconnu Agnès
Beauté d'un safari fantôme que dans son répertoire
Morgan pourchasse.
Un peu de ville encore.
Le désir prend de court, de court et de vitesse,
Et quant au désespoir
Dans la jungle du temps il déglutit un laps.

Pendant qu'Edi Casabella dérouille un Angel Hell's,
A l'école de batterie
Marjolaine s'ennuie en frappant sur Texas.

mercredi 13 avril 2011

Rouge en écriture.

Veste de velours grenat
Bottines assorties
Blue-jean gris
Une mèche de cheveux (plutôt courts)
Tombe sur son beau visage
Divine lourdeur des joues
- Lourdeur sans conséquence -
Autour des lèvres : moue boudeuse !
Direction Boulogne, midi cinquante trois, elle
Descend comme moi, église d'Auteuil.
Durant tout le trajet elle a rougi
En écrivant des textos.

mardi 12 avril 2011

Le Président - Royal Belleville.

Après des concerts improbables
Nous mangions des mets improbables
Souvent à des heures improbables
Parmi toute une faune improbable.
Ceci est une preuve tangible de mon existence
Dans les nuits de Paris entre 1999 et 2002.

Ce qui s'est dit chambre 468.

Kate Middleton marche avec élégance,
Laurent Gbagbo se rend comme il peut.
Tout ça se passe à un quart d'heure d'intervalle.
Chipotons sur le temps, pas sur les distances.
Stupéfait, Laurent Gbagbo ne peut pas dire aux gens qui l'entourent maintenant :
"Vous vous trompez de personne, je suis Kate Middleton,
Faites-moi passer à la fin du Journal, qu'est-ce que ça peut vous faire, à vous,
De me donner un petit quart d'heure de plus ?
Moi aussi, à l'heure qu'il est, je voudrais être dans la campagne anglaise
A courir les œuvres de charité..."
L'officier des forces républicaines qui l'écoute
Veut bien croire à cette histoire de campagne anglaise,
Quant aux œuvres de charité, faut pas pousser !

samedi 9 avril 2011

Passagers du hasard.

Un bracelet de fausses perles autour du poignet,
Elle s'appuie sur moi
Comme si j'étais de taille à la supporter.
Frêle esquif de sa lassitude à la frontière de mon désir.

Childhood.

La faculté d'observer
En ayant le cœur
Fêlé pour un rien.
Je n'ai jamais quitté l'enfance.

Il n'y a pas de panthère dans les contes de fées.

Encore une minute
Et, au palais de Chaillot,
Si elle reste sur scène
Encore une toute petite minute
Pour elle la tour Eiffel
Se parera de mille diamants.
Je voudrais tant que ça arrive
Mais à une minute près
Elle quitte la scène.
Je suis un peu triste mais me console
En convenant
Qu'il n'y a pas de panthère dans les contes de fées.
Mélody Gardot
A la classe de celles
Qui se foutent cordialement des diamants.

Journées de sans courage.

Ce que je voudrais faire vient me distraire
Se pose sur moi et me dit :
- Ah ah, tu ne me rattraperas pas !"
Puis file vers une promesse
Que je ne rejoindrai peut-être jamais.
J'ai donc bien matière à me désoler
Aujourd'hui.

mardi 5 avril 2011

Jamais au bon moment.

En Côte d'Ivoire on s'attend
A un dénouement imminent
Peut-être même avant la fin de ce Journal,
Dit la journaliste.
Dépêchez-vous, dépêchez-vous,
On ne va quand même pas faire un flash spécial
En plein milieu
Des Experts Manhattan.

Les beaux quartiers.

De grandes tiges élaborées
Viennent chercher leurs progénitures
A la sortie de l'école.
Ouf ! Voilà plusieurs années déjà
Qu'elles ne sont plus
Des errantes
De surface.

lundi 4 avril 2011

Meeting my silent river.

I don't know where seasons are running
Like galloping horses.
Towards the end of the world
Or towards meeting you.
It's hard to tell
And sometimes hard to choose.

vendredi 1 avril 2011

Des chaussures sans lacets.

De 14h à 14h07, ligne 10,
Grande et jolie blonde
De type hollandais
Un petit short, une queue-de-cheval,
Une écharpe grise nouée autour du cou
Un blouson de cuir gris-bleu
Des collants et des chaussures sans lacets.
Visage fin qui lui donne une gravité dans sa pâleur.
Des collants et quoi déjà,
Des chaussures sans lacets ?
Entre les baskets et les ballerines,
Objet non identifié qu'elle porte aux pieds.
Tu parles d'une hippie,
Ses parents devaient regarder en boucle
L'épisode des Double Deckers avec le pop singer
Et se parfumer au patchouli
Mais dans leur insouciance ils ont fait
Une fille vraiment très jolie
Sauf qu'elle a des chaussures sans lacets
Et que moi j'aurais été trop puni
Si je n'avais pas lacé mes chaussures
A n'importe quel âge de ma vie.

J'admire l'insouciance des filles
Et leur beauté, parfois, aussi.