vendredi 27 mai 2011

Erroll Garner en Jamaïque.

J'ai connu un type absolument fascinant
Qui travaillait dans la musique
Ou plutôt dans un studio de répétitions
A l'accueil
Il écoutait de la musique reggae sans discontinuer
Dans une odeur de mégots froids
Entassés pêle-mèle dans des petits cendriers - vite débordés.
Il était peu loquace.
Il passait la journée à pianoter sur son ordinateur
Tel l'Erroll Garner de l'administratif
Sauf que son truc à lui c'était : la Jamaïque.
Et quand le soir il rentrait chez lui
Il y avait encore une odeur de mégots froids
Et la première chose qu'il faisait c'était de mettre un disque de reggae
Et il n'y avait pas grand monde à qui parler
Alors il s'installait derrière son ordinateur personnel
Et il se remettait à taper le clavier comme Erroll Garner.
Sûr qu'il avait trouvé un job en or !

jeudi 26 mai 2011

Arantxa !

Dans une balle de tennis toute la peinture hollandaise ?
Elle fond sur les balles fauves, Arantxa Rus.
Comme une danseuse sur un trapèze
Materait les lions du cirque Gruss.

Discothèque.

Des corps qui dansent
Célèbres aucun
Ou tous ensemble
Espérant joindre
L'étourdissement
Au passage de journées sans écluses.

Argenteuil dans les seventies.

A la piscine olympique d'Argenteuil,
Je n'aimais pas du tout devoir
Sauter des plongeoirs les plus hauts.
Les autres écoliers étaient toujours plus téméraires que moi.
Et quand il a fallu, un jour, plonger dans l'âge adulte,
J'ai continué à les trouver tous bien imprudents.

Solitude.

Toi tu sais
Qu'il faut toujours déplacer un orchestre de choses
Pour chanter d'une même voix
La solitude.

mercredi 25 mai 2011

La littérature contemporaine au secours d'une paire de chaussures ?

Je porte en ce moment des chaussures délabrées
Je les aime bien pourtant
Mais elles sont craquées de partout
Et je sais bien que je devrais en acheter de nouvelles
Mais je préfère toujours m’acheter des livres,
C’est vraiment usant ce genre de mentalité
Et puis mon amoureuse me dit :
« Les converses ça ne dure jamais bien longtemps »
Formidable, me dis-je, c’est pour cette raison
Que je préfère acheter des livres. 
La prochaine fois que je tombe sur un livre
Qui ne dure pas très longtemps
J’achète des chaussures !
Ce matin-là, j’entrais dans une librairie….

Jen B.

Dans le palais délabré flambant neuf d’une salle de concert
Tel un mystère qui s’éclaircit,
Elle personnifie La vérité comme une vraie guerrière,
Superbe puissance nuit. 
Un jeune homme pâle caché derrière les cris
De fans, espère en secret,  
La quitte à regret, croit la fuir,
Mais impossible c’est encore elle qu’il retrouve
A la radio, dans un taxi, 
Chantant L’envers du paradis

La guerre sans merci des compagnies de téléphone devant Alésia.

Le type de noos
A sectionné un câble
Et j’attends des plombes 
Qu’orange vienne le réparer
Dans l’attente je ne peux pas répondre
Au courrier qui s’empile 
Comme des légions de romains devant Alésia
Alors je repense au temps 
Vieux comme Hérode
Où il n’y avait pas d’urgence 
Dans les rapports humains
Et où prendre son mal en patience
Était un bien. 

Mickey parade.

Dans le Mickey Parade mensuel numéro 3
Celui qui a coûté six francs à mes parents
Aux alentours du 3 mars 1980
Six francs soit à l’époque 49 francs belges, trois francs suisses,
Et 1 $ 25 au Canada
Et dont le titre est « Picsou chercher la bagarre »
Deux pages sur quatre sont en couleur,
Les deux autres en noir et blanc,
Ainsi de suite tout au long de l’histoire.
Quasiment ce qui se passe avec mes journées
Plus de trente années plus tard
Qui équivalent aussi à trente années en Belgique
En Suisse et au Canada,
J’ai l’impression qu’il y a des journées en noir et blanc
Et d’autres en couleurs
Sans que j’y trouve ni raison valable
Ni solution adéquate.
Mais là où ça diffère d’un Mickey Parade
C’est qu’on ne sait jamais avec précision
Sur quelles pages on va tomber.

Rock'n roll girl.

Une chanteuse de rock’n roll
Est une fille qui a
Une penderie de mots
Auxquels elle s’accroche
Désespérément
Et crânement à la fois
Comme les vêtements
D’une saison.

mardi 17 mai 2011

Comme Belmondo.

Si te dire des mots d'amour
Etaient des cascades
Qui ne tiennent même pas à un fil,
Je continuerais
A les exécuter moi-même,
Comme Belmondo.

Question de demi-point.

La lycéenne a descendu les marches du métro en compagnie
De cet homme plus âgé qui devait être
Son professeur.
Histoire de profiter jusqu'au dernier moment de sa présence.
Elle lui a souhaité une bonne journée et a remonté les marches
Une à une
Sa jupe découvrant des jambes nues pas vraiment fines mais
Plutôt appétissantes.
Le type plus âgé qu'elle qui devait être
Son professeur,
Loin de se rendre sur le quai,
S'est retourné calmement
Pour suivre du regard ces deux jambes qui gravissaient les marches
De manière tout à fait aérienne et charnelle à la fois
Pour remonter à la surface
A l'assaut de ce monde imparfait.
Il paraissait très ému de ce spectacle,
Le calme sourire de l'amateur comblé,
Et en même temps semblait réfléchir
Comme s'il était question d'ajouter ou non un demi point
A la copie qu'il lui rendrait demain.

Jungle.

De nos jours, c'est à celui qui ouvre sa gueule le premier.
Les lions, leurs couronnes pantelantes entre les dents,
Sont venus les remettre à ceux qui se tiennent dans l'ombre.
Ainsi les timides sont devenus
Les véritables rois de la jungle.

jeudi 12 mai 2011

Visions pour l'équipage d'une page blanche.

Ce qu'est la ligne claire l'image ne la rend pas d'ailleurs il faut mordre sans cesse les bords de la vie pour être propulsé vers l'essentiel. Les hautes jambes des figurines de Cranach qu'un éternuement ne fait pas disparaître, elles posent comme des élégantes pour une éternité qui ne l'est pas. Le malentendu par lequel on vous érige une statue est une vocation pour l'entourage, un accomplissement pour le boucher du coin, un fardeau pour la bien aimée. Les oeuvres d'aujourd'hui ont le goût élastique du chiqué. On trompe le gouffre insistant de la journée en dépensant le peu d'argent qu'on obtient. On repart à zéro tout le temps. Le public est toujours plus indulgent parce qu'il n'a pas peur dans le noir. Cette couronne éphémère se déchire avant que je n'ai pu la soulever. Donne-moi un temps tranquille où tes visites seraient ma ligne claire. Ce n'était qu'un jeu, encore.

mercredi 11 mai 2011

La musique, l'autre pays du fromage.

J'aime bien Lady Gaga
Mais il faut reconnaître
Qu'elle est à Madonna
Ce que le Babybel
Est au Gouda.

mardi 10 mai 2011

Pourquoi suis-je plutôt casanier ?

A cause de la fille de la publicité
Qui passait quand j'étais enfant
Elle était belle dans sa baignoire
Qui cachait son corps nu
Merveille du soupçon dans l'amour
Aussi efficace qu'une explosion atomique !
Camay était son produit de beauté
Son type s'approchait d'elle et lui demandait :
- Et si on sortait ?
Elle répondait : Et si on restait ?
En faisant des petites vaguelettes dans la mousse de son bain.
Quel crétin aurait voulu sortir après ça ?!
Si tous les types qui sortent avaient à la maison
Une femme dont Camay est le produit de beauté
Il n'y aurait pas grand monde à rencontrer le soir à Paris. 
Ce qui est le cas d'ailleurs, la plupart du temps,
Dans ce royaume de la nuit en mousse de savon.

Tänzerin.

Je me souviens de cette jeune allemande
Qui était venue me voir après un concert
Où j'avais chanté une chanson qui parlait
De la chambre froide de l'oubli.
Elle m'avait dit, au bord des larmes :
- C'est exactement ce que je ressens"
Et il y avait des petits trémas dans ses yeux
Exactement comme dans le mot :
Tänzerin.

samedi 7 mai 2011

Cours de philo niveau première année.

Vous avez tout pour être heureux
Et puis une fille apparaît dans votre champ de vision
Et puis disparait de votre champ de vision
Et vous en savez plus sur la tristesse que quiconque.

vendredi 6 mai 2011

The morning song.

Beauté divine
Brune élancée
Que j'ai vue, place
De l'Opéra
En allant a-
cheter des muffins
A la banane
Chez Aki, bou-
langerie nippone,
Rue Sainte-Anne.

jeudi 5 mai 2011

Coincée.

Le jour où tu expulses
La pierre que tu as dans le cœur
Je ne bâtis pas une église
Avec.

mercredi 4 mai 2011

Salon du livre et du vin.

 à Corinne et Jean-Maurice.

Saumur est pour les livres une fête sans rival
Par plaisir je reviens, et mes souvenirs s'installent,
On y fait des rencontres autour d'un verre de vin,
Normal que certains livres partent comme des petits pains.
Chez Bouvet-Ladubay
Les jolies filles des bords de Loire font escale
Elles peuvent boire avec moi et trinquer à Stendhal !
On voudrait
Vivre ici, ne jamais voir la fin
De cette journée magique d'une année d'écrivain.

mardi 3 mai 2011

Dans ces temps incertains, vous reprendrez bien une part de wedding cake.

On trouve toujours des chauves ou presque au volant de décapotables
Avec une belle pépée vissée à leur siège.
Mais tous n'ont pas le charme de ce prince adorable
A bord de son Aston Martin vintage.

lundi 2 mai 2011

Préposé à l'entretien d'une piscine vide.

Zut, dit le combattant, j'en aurais bien fait une sorte de mythe
Pensant qu'il vivait dans les montagnes en ermite.
Mais maintenant que je sais qu'il se la coulait douce dans une villa
J'ai bien envie de prendre un peu de temps pour moi.